(Spoilers potentiels, interprétation tout à fait personnelle de l’œuvre)
Film pour enfants, œuvre hermétique ou bien même gigantesque numéro de cirque sont tant de dénominations qui pourraient caractériser Paprika. Pourtant, derrière l’apparente ingéniosité de son propos, le film évoque toute la complexité du monde onirique. Paprika met en scène le rêve du détective Konakawa dont l’aversion pour le cinéma trouve son origine dans son enfance. En effet, la façon singulière dont Konakawa dépeint l’enfance frappe le spectateur : l’enfance est ici l’objet de toutes les angoisses à l’image même des scènes de parc d’attraction. L’un des enjeux du film est alors de remonter à la cause de l’aversion de Konakawa pour le cinéma. Pendant 1 heure et demie, les mêmes scènes reviennent circulairement : Konakawa assiste à un numéro de cirque, prend l’ascenseur en compagnie de Paprika et finit dans un couloir où il est témoin d’un meurtre. Cependant, plus le film avance, plus le rêve de Konakawa devient profond et plus ces scènes deviennent porteuses de sens. Le milieu du film libère ainsi certains tabous d’ordre à la fois sexuel avec une scène suggérant le viol de Paprika, religieux durant la parade lorsque les différentes religions font leur promotion dans la rue, et politique lors de cette même scène où est questionnée la légitimité de l’empereur du Japon. Ce long rêve fait office d’une réelle psychanalyse pour Konakawa qui, en cessant de se censurer, trouve lui-même l’origine de ses névroses d’enfant : c’est la mort de son ami et l’inachèvement de leur œuvre cinématographique commune qui lui fait tant haïr le cinéma.
L’origine de nos névroses se trouve donc dans notre inconscient, dans nos rêves, et une certaine logique implacable lie alors nos rêves et la réalité. Et c’est à travers sa folie et son exubérance que Paprika semble être l’un des films les plus réalistes jamais réalisés sur le rêve.