La guerre n'a jamais réussi à Georg Wilhelm Pabst.
De 1910 à 1914, ce comédien devient le directeur du Théâtre Allemand de New York et il découvre la mise en scène. De retour vers l'Europe quand éclate la guerre en 1914, son navire est arraisonné par la marine française. Ressortissant autrichien, Pabst est emprisonné jusqu'en 1919 dans le camp de l'Île Longue...


Cela ne l'empêche pas de réaliser ensuite des films français : "Salonique, nid d'espions" (1937), "Le Drame de Shanghaï" (1938) et "Jeunes filles en détresse" (sorti en 1939) avec notamment Louis Jouvet. Quand la seconde guerre mondiale éclate, ce cinéaste célèbre quitte la France pour éviter un nouvel internement... Il prévoit d'aller aux États-Unis, mais revient finalement en Autriche, annexée par l'Allemagne en 1938. Il s'y s'accommode du Troisième Reich... Mauvaise pioche...


Il tourne alors "Les Comédiens" (1941) et "Paracelse" (1943), deux films historiques complètement déconnectés de la guerre qu'Hitler mène aux démocraties et au monde. Les Français qui prenaient Pabst pour un ami se sentent trahis et ne le lui pardonneront jamais. Non seulement les deux films sont vilipendés, traités de "nazis" (ce qu'ils ne sont pas), mais les films d'après guerre sont en général ignorés, snobés ou considérés comme négligeables.


"Paracelse" raconte un épisode de la vie de ce grand médecin, philosophe, théologien laïc suisse de langue allemande. En cette première moitié du XVIe siècle, la peste ravage l'Empire et Paracelse, qui choisit de vivre et d'apprendre à la dure école des voyages, fuit les épidémies de ville en ville. L'acteur Werner Krauss dégage un charisme rayonnant, l'amour de la médecine et de l'humanité souffrante. Le film lui doit beaucoup.


Quand Paracelse entre dans une nouvelle ville, le peuple reconnaît en lui un homme de l'art désintéressé et se presse à sa porte. Cela déplaît au Maître, médecin officiel de la Municipalité. Le conflit entre eux devient public quand le Maître échoue à guérir Froben, un libraire. Paracelse y arrive et les autorités le choisissent comme médecin officiel. Mais ce succès dure peu car ses ennemis se démènent pour s'en débarrasser...


Ce film humaniste est d'un grand intérêt, fourmille de trouvailles. L'amourette entre la fille d'un capitaliste rapace et un bel étudiant s'entremêle à beaucoup d'autres histoires. Peut-être y a-t-il trop de personnages célèbres ? Érasme soutient Paracelse et disparaît aussitôt... Pabst ne sait trop qu'en faire... Et le célèbre Ulrich von Hutten, apprenant sa mort prochaine, se lance dans un pathos germanique pachydermique ! Quant à Paracelse, son génie dérange et ses ennemis lui réservent bien des surprises...

lionelbonhouvrier
7

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes En BoNnE CoMpAgNiE (2017/2023) et GeOrg WilHelm PabST

Créée

le 22 nov. 2019

Critique lue 664 fois

5 j'aime

Critique lue 664 fois

5

Du même critique

Pensées
lionelbonhouvrier
10

En une langue limpide, un esprit tourmenté pousse Dieu et l'homme dans leurs retranchements

Lire BLAISE PASCAL, c'est goûter une pensée fulgurante, une pureté de langue, l'incandescence d'un style. La langue française, menée à des hauteurs incomparables, devient jouissive. "Quand on voit le...

le 10 nov. 2014

30 j'aime

3

Le Cantique des Cantiques
lionelbonhouvrier
9

Quand l'amour enchante le monde (IVe siècle av. J.-C. ?)

Sur ma couche, pendant la nuit, j’ai cherché celui que mon cœur aime ; je l’ai cherché et je ne l’ai point trouvé. Levons-nous, me suis-je dit, parcourons la ville ; les rues et les places, cherchons...

le 9 nov. 2014

23 j'aime

7