Paranoid Park est perçu par certains comme l’un des films les plus accomplis de la carrière de son réalisateur, bien qu’il soit capable de laisser l’audience comme aliénée, ce qui, je pense, est une démarche intentionnelle.


Le métrage raconte l’histoire d’Alex dont la vie bascule lorsqu’il de retrouve impliqué dans un accident causant la mort d’un agent de sécurité. Les habitués de Gus van Sant noteront immédiatement le style si particulier du réalisateur américain avec les longs corridors vides, presque hantés, façon Elephant, l’usage de ralentis ou encore une bande-originale exploitant le répertoire d’Elliot Smith.
C’est dans ce qu’on ne voit pas que le film déroule toute la paranoïa présentée dans son titre : les conversations ne sont filmées que depuis un angle unique, des discours qui se superposent au mauvais moment, de la musique qui vient couvrir une conversation des plus importantes… Il y a des moments vraiment troublants car le récit, qui n’est pas linéaire, se démêle petit à petit jusqu’à atteindre sa conclusion.


Gus van Sant n’a pas engagé de vrais acteurs pour jouer les adolescents mais a recruté des profils qu’il trouvait intéressants sur MySpace (ça marque son époque). Ne vous attendez donc pas à grands numéros mais, de l’autre côté de la balance, ils donnent un aspect plus réaliste au tout, d’autant plus qu’ils savent réellement skater, atout non-négligeable sur les séquences au skatepark notamment.
Si van Sant semble rester en terrain conquis quant aux thématiques qu’il explore, le film donne une impression plus fluide et plus mature que d’autres de ses réalisations et parvient même à nous maintenir en haleine alors que la révélation principale intervient en milieu de film.


Un thriller un peu planant ne peut évidemment pas plaire à tout le monde, aussi il sera difficile de le conseiller. Toutefois il s’agit effectivement d’un des long-métrages les plus réussis de la part du Gus van Sant, qui ne cesse de confirmer qu’il n’est pas un réalisateur comme les autres.

Red_in_the_Grey
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le 15 déc. 2017

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Red in the Grey

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