Première Palme d'Or décernée à la Corée du Sud, Parasite a su se distinguer parmi les oeuvres de grands réalisateurs internationaux. L'oeuvre raconte la cohabitation de deux familles issues de milieux sociaux opposés, l'une riche et l'autre pauvre, au sein d'une maison luxueuse. Mais derrière ce huis-clos contemporain se cache une parabole acide sur la lutte des classes, en Corée du Sud, certes, mais aussi à l'échelle universelle... Comment cohabiter dans un monde où les inégalités sont de plus en plus violentes ? Où le capitalisme transperce littéralement l'humanité ?
Ce récit limpide rend accessible ces réflexions sur notre société, mais tout en gardant sa part de complexité et de mystère. Car Parasite ne va jamais là où on ne l'attend... Il surprend, bouscule, dérange. Au début, on ne sait pas trop ce qu'il raconte, quel est son point de vue, mais par l'effet d'un boomerang scénaristique, il met la barre très très haute. Bong Joon Ho passe d'un genre à un autre sans jamais se contenter de "déjà-vu" efficaces. Par sa virtuosité cinématographique et son gout pour les rebondissements, il assure un thriller dramatico-comico-horrifique où le burlesque du récit dresse un constat alarmant sur notre rapport à la société et aux autres. D'une extrême justesse, loin de tous clichés, de tout pathos, on se laisse emporter par cette satire revigorante, inspirante et truffée de subtilités narratives.
J'ai essayé d'être le plus objectif possible, surtout face à une Palme d'Or que tout le monde adule. Force est de constater que la maitrise aiguisée du rythme, l'image et les lumières impeccables, l'imprévisibilité du scénario et la richesse de confrontation des personnages dans ce huis-clos doré rendent jubilatoire et bluffant ce Parasite. Les origines et la solidarité de cette famille face aux aspérités du monde sont brillamment mis en scène, notamment au début lorsqu'on les découvre lors d'un plan séquence dans leur habitat exigu à moitié sous terre à la recherche désespérée d'un réseau qu'ils trouveront juste à côté des toilettes... Rage et douceur s'entremêlent dans ce mille-feuilles où chaque couche est porteuse de sens, qu'il soit politique ou totalement tragique... Une chose est sûre, il ne l'a pas volé sa Palme d'Or !

alsacienparisien
9

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le 10 juin 2019

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