Parasite a fait une entrée en scène tonitruante sur la scène du cinéma international. Palme d’or au Festival de Cannes, César du meilleur film étranger, Oscar du meilleur film ET du meilleur film étranger, ne sont que les principales récompenses au sein une multitude. Impossible de ne pas remarquer sa sortie. Pour l’anecdote, Parasite fut à son entrée 4e du top 111 de notre réseau social préféré.
Bong Joon-ho traite dans ce film de la lutte des classes, un sujet qui lui tient à cœur puisqu'il l’a déjà abordé avec Snowpiercer et sa longue ascension vers les classes supérieures. Parasite, quant à lui, n’utilise pas tant l’ascension que la confrontation ; les personnages, authentiques et subtils, expriment le reflet de leur classe sociale et manifestent une haine et une incompréhension vis-à-vis de la classe opposée (à la manière du film Les Misérables, qui sortira en France la même année). Le fait que les prolétaires fassent des cartons de pizzas me fait d’ailleurs beaucoup penser au film Le Trou, et m’a alors procuré une sensation d’enfermement, d’impasse, qui s'accorde avec leur situation.
Dans une société inique où les écarts se creusent, ceux qui se trouvent lésés finissent inévitablement par manifester une haine profonde envers ceux qui profitent de l’autre côté de la Roue de Fortuna. Et toute la splendeur de Parasite réside dans la virtuosité avec laquelle Bong Joon-ho illustre une aversion réciproque tout en nous faisant ressentir de nombreuses émotions contradictoires.
La haine est en effet sujette à une dualité. Tandis que les prolétaires font preuve de frustration et d’une jalousie envers les biens matériels ainsi que le confort de vie des riches, et prennent un plaisir malsain à les escroquer pleinement, la classe supérieure n’est pas en reste. S’ils ont moins de reproches à faire concernant les actes concrets, ils prennent un plaisir tout aussi vicieux en se mettant dans la peau des gens pauvres en portant leurs culottes « bas de gamme », en s’imaginant une vie de débauche. Ils font également preuve d’hypocrisie et de malhonnêteté alors qu’ils renvoient leurs employés pour des raisons jamais assumées. Mais leur acte le plus condamnable reste probablement leur mépris pour les pauvres qu’ils soulignent, sûrement involontairement, en manifestant le dégoût humiliant que leur procure leur odeur pestilentielle, cette odeur de crasse des gens inférieurs, une odeur de vieux radis.
Par un scénario accrocheur et une réalisation minutieuse qui mélange habilement suspense, rire et fascination, toujours avec autant d’intensité, Parasite parvient à nous immerger dans cette histoire insensée pleine de rebondissements, totalement imprévisible. Si le plan des personnages principaux est un peu immoral, il est vite dédramatisé par l’aspect comique du film, ainsi que la gravité et la véracité de son propos.
Parasite nous embarque dans une escroquerie tumultueuse et captivante, aux images d’une puissance dont seul le cinéma coréen a le secret, et dont le propos politique, souvent assez noir, n’est pas à négliger. Parasite est déjà culte, et probablement un des films qui illustre le mieux son temps.
Un grand merci à Jyben pour m'avoir offert un instant débat qui m'a beaucoup fait réfléchir sur ce film !