Est-il possible d'apporter une réserve dans le concert de louanges quasi unanime qui accueille ce film sans être suspectée de n'avoir pas tout compris ou d’être une béotienne ? Possible...Dans ce cas je ferais sans doute mieux de ne pas écrire cette "critique" mais au diable la prudence ! qu'est-ce que je risque ?
Je dois dire tout d'abord que lorsqu'un film est tellement louangé, il est rare qu'il tienne ses promesses pour tout le monde..Or, c'est souvent le cas avec les films primés..Je ne suis pas anti-palme systématique, mais force est de constater que dans un Art-Industrie-International comme le cinéma et dans le cadre d'un festival comme celui de Cannes, on décerne de plus en plus souvent des films "politiquement correctement -incorrects" ou courageux, qu'il est de bon ton dans une démocratie-avancée- comme- la notre de défendre..(C'est bien, c'est honorable, mais est-ce que les critères purement artistiques n'y sont pas un peu perdus de vue ?) je pense par exemple à "Trois Visages" , film méritoire mais pas très bien ficelé..Ce n'est certes pas le cas de PARASITE, le film est quant à lui,très bien ficelé, peut-être trop d'ailleurs..Savoir faire et Maestria de metteur en scène sont incontestables. Mais le mélange de genres tellement admiré est aussi la limite de ce film. On démarre dans la comédie gentiment sociale (car ce qui est mis en valeur est davantage la ruse sympathique des protagonistes pauvres que leur condition dont ils semblent s’accommoder avec un fatalisme débonnaire. Un grand tiers du film est donc consacré à l'obtention de positions favorables pour tous les membres de la famille chez le notable ciblé. (on voit venir chaque étape disons-le , sans réelle surprise) ..et jusque là, si le film est plaisant, il n'y a pas de quoi crier au génie. Si ? Puis le film bascule dans la farce surréaliste avec les "habitants du sous-sol"...Deuxième étage de la fusée, très indépendante du premier et qui ne fait qu'accentuer le coté "fable" du film, son coté théâtral et huis-clos métaphorique. C'est alors d'autres aspects et modes fictionnels qui s'articulent mais qui nous déconnectent de l'humanité des personnages, trop caricaturaux pour être attachants. L'empathie ne fonctionne pas. On reste extérieur. Lorsque le terrifiant et sanglant troisième volet s'inscrit dans le récit, c'est une sorte d'overdose pour celui qui cherche à "croire" à ce qu'il voit. Tel n'est surement pas le propos ..mais alors ? C'est du cinéma Brechtien ? Bien, mais je n'ai pas besoin qu'on me rappelle que je suis au cinéma, je sais. Aussi lorsque le final se drape dans une hypothèse "happy end" rendue recevable parce que rêvée..je ne sais plus ou j'habite et je ne sais plus quel film j'ai vu.