Parasite, c'est à la fois le Ying et le Yang, l’Orient et l’Occident, la sagesse et la folie, les riches et les pauvres, la comédie et le thriller. L’équilibre parfait auréolé d’une Palme d’Or au terme de la grand-messe Cannoise. C’est le dernier né de Bong John-Hoo, le plus populaire des réalisateurs coréens, reconnu pour sa capacité à surprendre son monde et séduire les publics occidentaux avec des œuvres barrées à la forte portée politique comme Memories of Murder, The Host encore Okja.


Parasite est de ceux-là et s’appuie sur une intrigue qui a de quoi séduire : L’histoire d’une famille modeste qui parvient progressivement à s’incruster chez une famille de riches. Partant de là, le petit jeu consiste à déterminer qui sera…le parasite.


Mais qu’est-ce ce qui a bien pu conduire les multiplexes à programmer la Palme d’Or 2019 dans leurs salles obscures, en VO de surcroît ? Marchant sur les plates-bandes des cinémas d’art et d’essai pour qui ce type de films constitue une part de revenus conséquente.


Il faut dire qu’on avait déjà un indice avec une note spectateur qui culmine à 4,7 juste derrière le 4,9 de la note presse. Un score inédit quand on connaît la frilosité du grand public pour les lauréats cannois. En témoigne le monde qu’il y avait dans ma salle après plus d’une semaine de d’exploitation (au Gaumont multiplexe de Montpellier).


Une performance qui témoigne mieux que jamais de la capacité de Bong-John Hoo à rassembler le public depuis plus de quinze ans avec des films aussi dérangeants qu’ingénieux. Car une fois de plus avec Parasite, le cinéaste est parvenu à conjuguer intelligemment récit et création de sens. Mais avant tout, le coréen s’amuse.


D’abord avec ses personnages, chacun ancré dans une catégorie sociale mais jamais totalement détestable de façon à brouiller notre capacité à déterminer qui est le fameux parasite dans l’histoire. Les pauvres sont fourbes et prêts à tout pour s’introduire chez les Park, mais questionnent régulièrement la validité de leurs actes. Les riches agacent du haut de leur tour d’Ivoire, mais ne vacillent jamais dans le mépris des plus pauvres et sont attachants aussi pour leur bêtise.


C’est parmi ces deux groupes que le cinéaste se fraye un chemin pour dénoncer le capitalisme. En n’oubliant pas d’assurer une montée en tension perpétuelle via un savant mélange des genres efficace. Introduit par le registre de la comédie, le film convoque les codes du film de casse puis se meut en un thriller furieux. Sans parler des nombreuses idées de mise en scène, de l’éblouissant travail de plan. Les fous du cadrage seront conquis, et tout particulièrement par la symbolique des escaliers.


Mais si il faut retenir une seule chose de l’œuvre de Bong John-Hoo, c’est sa propension à rapprocher le grand public et la sphère cinéphile autour d’une fresque sociale totalement affranchie des standards. Déjà culte en l’état.

Maître-Kangourou
9

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Créée

le 24 oct. 2020

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