Il y a comme un air de famille entre la palme décernée cette année au film Parasite du sud-coréen Bong Joon-Ho (celui de Okja et de Snowpiercer) et celle de l’an passée attribuée au japonais Hirokazu Kore-Eda pour Une affaire de famille (justement !).


Le jury cannois s’intéresse visiblement à la famille asiatique, une valeur qui en occident, a fondu comme glacier islandais au soleil.


Parasite démarre effectivement comme une comédie satirique quand une famille pauvre des bas-fonds de Séoul (les Kim), des losers miséreux mais démerdards, investit le quotidien d’une famille riche et crédule des hautes collines chicos de la ville (les Park). Presqu’une déclinaison des Groseille et Le Quesnoy au pays du matin calme.


Mais le cinéma coréen n’a pas forgé sa réputation sur des comédies humoristiques, fussent-elles sociales, et Bong Joon-Ho redistribuera bientôt les cartes. La comédie devient grinçante (les Park n’auraient pas déparé chez Chabrol) et puis bien vite ... chut !


Le cinéma coréen est un cinéma cru dans le sens où il ne respecte aucune des conventions occidentales qui chez nous masquent l’obscénité de certains mots, certains gestes, certains comportements.


Bong Joon-Ho n’hésite donc à pas dire tout haut ce que l’on sait tout bas : les pauvres ont une odeur, souvent envahissante.


- Les pauvres dans le métro ont une odeur, entre vieux radis et torchons sales.
- Je ne sais pas, voilà des années que je n’ai pas pris le métro.”.


Une histoire d’odeur qui restera au cœur de l’intrigue jusqu’au dénouement à la Tarentino, humour et conventions en moins.


Le cinéma coréen de Bong Joon-Ho est un cinéma cru et socialement engagé.


Si dans Snowpiercer la lutte des classes se filmait horizontalement (on allait de classe en classe vers les wagons de première), avec Parasite elle retrouve sa verticalité : on passe des sombres sous-sols aux étages lumineux et les escaliers sont vertigineux entre la luxueuse villa des riches Park et l’entresol miséreux des pauvres Kim, obligés d’inventer leur ascenseur social bien à eux.


Cette virulente et féroce satire sociale (mais heureusement, ça se passe pas chez nous) explique sans doute que Bong Joo-Ho fut en odeur de sainteté à Cannes cette année : on ne peut que s’en réjouir pour ce premier coréen palmé mais sans trop comprendre les motivations du jury.

BMR
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le 18 août 2019

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BMR

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