J'ai sans aucun doute un trop bon système immunitaire.

Parasite est le deuxième film de la filmographie de Bong Joon-ho que je regarde après avoir été introduit à son cinéma avec Okja. La comparaison entre les deux films va donc être assez récurrente dans cette critique, d'autant que les deux films partagent des défauts similaires, et cela me permettra par la même occasion pourquoi j'ai mis une meilleure note à Okja, qui est objectivement moins bon que Parasite.


Comme à mon habitude, j'aime bien commencer par parler de la réalisation et que dire si ce n'est qu'elle est très bien voire exceptionnelle comparé à bon nombre de films de nos jours. L'imagerie du film est complexe, elle complète à la fois la thématique de lutte des classes tout en nous délivrant des plans pleins de sens et agréable à regarder sans jamais tomber dans des longueurs. Cette réalisation délivre vraiment une prouesse forte pour le peu de décors que ce film contient. Le montage est également très bien rythmé et nous tient en haleine pendant tout le film. Rien que sur ces points ce film surpasse largement Okja. Okja avait quelques beaux plans, mais le travail de la caméra se perdait souvent avec les scènes d'action ou les images de synthèse, il n'y a pas à dire, les effets pratiques sublime la caméra, les images de synthèse attirent trop l'attention.


L'Histoire et son écriture sont également une grande réussite de ce film, mais une réussite en demi-teinte, là où j'émet des réserves similaires à Okja. Exactement, comme pour Okja, ici Bong Joon-ho reprend une recette très classique de ce genre de films auquel il va transposer brillament une histoire reflétant des problèmes sociétaux. Le travail de ce genre de thématiques est vraiment pour moi jusqu'à maintenant, le point fort du cinéma de Bong Joon-ho. L'écriture est complexe et nous montre la progression de ce parasite qui est la famille de Ki-taek dans cette critique de la lutte des classes qui finalement montre que dans une telle société, on est tous le parasite de quelqu'un, Mr. Park était autant un parasite pour le père de Ki-taek que le père de Ki-taek en était un pour Mr. d'où ce dénouement final. Il illustre également une cruauté propre à une société de classes où bon nombre serait prêt à monter les échelons en sacrifiant ceux au travers de leur chemin. Ce travail ainsi que d'autres thématiques représente vraiment la force de ce film, je dirais même d'ailleurs qu'il explore bien mieux sa thématique qu'Okja.


Mais voilà comme expliqué, ce film reprend une recette très classique et il peine à se défaire du schéma narratif de films du genre, résultat : on est jamais vraiment surpris par ce film narrativement parlant et on comprend très vite la direction qu'il va prendre et quand on est habitué à ce genre de "comédies" ce qui est mon cas, j'en ai vu énormément en grandissant, la seule chose qui parvient réellement à garder notre intérêt c'est ce travail de l'histoire. Alors certes toute l'histoire avec le sous-sol et le dénouement sanglant peuvent être surprenant pour un film du genre, mais globalement, il se démarque en rien narrativement. Okja avait exactement le même problème, où pareil, l'histoire était plus poussée que dans les films du genre auquel il appartient notamment au travers de sa thématique, mais il n'est surprenant en rien, car suit la même ligne de conduite. Je peux comprendre que ça ne soit pas dérangeant pour certains seulement voilà, au bout d'une heure de film, j'avais hâte que le dénouement arrive puisque l'on comprend très vite la direction qu'il prend, ce qu'il essaye de nous faire comprendre.


Une des autres réserves que j'émet sur le film, je dirais que c'est le travail des personnages, tout comme dans Okja, où il partait plus dans la caricature grotesque, ici Bong Joon-hi semble partir dans une caricature plus modérée seulement avec des personnages manquant toujours de réelle substance. Les personnages de Parasite ainsi que d'Okja, sont tous simplement portés par l'histoire et sa thématique sans être vraiment jamais définis. La seule exception à la rigueur serait le père afin de justifier ce dénouement final, mais les autres sont vraiment très peu défini ce que je trouve dommage pour un film traitant de la lutte des classes. Tout comme Okja, c'est un film qui se veut assez léger dans le traitement de sa thématique, sans doute pour plaire au grand public, mais il y sacrifie au passage la profondeur de ses personnages au point qu'ils peuvent tous être définis quasiment en trois mots. Mais, et c'est là où justement, je préfère Okja, Parasite ne m'a à aucun moment attaché à un des personnages, j'ai eu énormément de mal à ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit dans ce film ce qui fait que je n'ai pas pu me sentir impliqué dans l'histoire en tant que spectateur tandis qu'Oka avait réussi à m'attacher aux personnages de Mija et Okja au bout de 30 minutes de film, même s'ils ne sont pas guère plus profonds, mais il s'agit là pour moi de la principale différence pour laquelle je préfère Okja, tout simplement parce que, même s'il est moins bon presque en tous points, c'est un film qui à réussit à m'impliquer émotionnellement parlant, là où Parasite à échoué. C'est sans aucun doute parce que c'est plus facile d'impliquer les gens dans une thématique comme celle d'Okja (et l'actrice principale très bonne dans son rôle), mais il n'empêche que c'est exactement ce qui s'est produit avec moi.


En conclusion on a donc un film à la réalisation irréprochable et à l'écriture et un choix thématique très judicieux, mais un film qui n'arrive pas à se défaire de la narration des autres films du genre ce qui le rends assez peu surprenant et un film ne délivrant pas vraiment de personnage marquant, il compte avant tout sur la narration pour porter le spectateur et délaisse ses personnages. Je ne vais pas faire la mauvaise langue, l'oscar du film de l'année est totalement mérité, même si j'ai mis une note légèrement plus haute à 1917, que je trouve plus solide dans son genre, la deuxième partie du film beaucoup moins bonne fait que Parasite est un meilleur film, mais voilà, je ne trouve pas non plus qu'on est sur un film à couper le souffle et je ne me vois pas le regarder une deuxième fois, en tout cas pas avant de nombreuses années, car déjà qu'il était assez prévisible, à cause, de sa narration, je pense qu'il aurait perdu tout son charme si j'étais amené à le revoir.

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le 22 déc. 2020

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sAde_

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