A toujours trop vouloir en faire, ce film se casse complètement la figure. Sans cesse parasité par des surjeux, exagérations de la mise en scène, incohérences ou encore invraisemblances, ce film ne m'a absolument pas convaincue. Disons le clairement, je ne l'ai pas apprécié. Il se prend tout de même un 6 car je ne peux nier les efforts qui ont été effectués.


Une famille de pauvres berne un riche ménage grâce à des recommandations foireuses, qui surviennent étrangement après le licenciement des anciens employés. Sérieusement ? Les riches ont des réseaux, font appel à des agences reconnues; bref se renseignent un minimum sur les gens qu'ils embauchent. Après, ici la supercherie est tellement grosse qu'il n'y a besoin que d'un minimum de perspicacité pour se rendre compte que quelque chose cloche. Et vu la profession du père (c'est vrai que la mère à l'air vachement cruche), je pense qu'il dispose d'un nombre de neurones suffisant pour découvrir le pot au roses.


Je ne m'attarderai pas sur les autres facilités scénaristiques toutes plus ridicules les unes que les autres. Seulement pour justifier mon propos, je cite le moment où le fils gueux se casse la figure quand il espionne l'ancienne maitresse de maison et son mari au sous-sol. Disons que je n'ai jamais vu ailleurs qu'au cinéma des gens se ramasser dans les escalier pile au moment où il ne faut pas.


Couplons ceci à une manie de toujours en rajouter 3 tonnes dans les scènes importantes qui enterre un peu plus la dimension réaliste (si tant est qu'il y en ait une) du schmiblick. Pour m'expliquer, prenons la scène où les pauvres se disputent le téléphone avec l'ancienne maîtresse de maison. Et allé les ralentis, la musique et tout le tralala. Concrètement, la sauvagerie qui devait se dégager d'une telle action passe totalement à la trappe. Au lieu de ça, j'ai eu l'impression de me trouver devant un publicité vantant les mérites du dernier smartphone (voyez vous chers acheteurs, tout le monde s'arrache cet objet révolutionnaire !). On peut en dire de même pour la scène dans le jardin. L'accumulation d'effets visuels couplé à un surjeu corrompent totalement ce qui était censé être véhiculé au départ. Bref, insipide et l'une des raisons majeures pour lesquelles je n'ai pas accroché à ce film.


Bong Joon-Ho semblait pourtant partir d'une bonne intention en voulant dénoncer les luttes des classes qui subsistent. Toutefois, sur le rendu final, on peine à trouver des marqueurs significatifs de cette volonté. En ce sens que la famille démunie ne montre pas tant que ca son "seum". Le seum d'être née pauvre, de devoir cirer les bottes des riches pour survivre, de ne pas pouvoir accéder aux loisirs… juste énervée, voire enragée par ces injustices. Le film se décide en outre d'effectuer quelques parallèles (les pauvres qui dorment à même le sol et qui se fringuent dans des tas d'habits de premiers secours VS les riches qui vivent cosy confort etc.) qu'assez tardivement. Comme si, presque arrivé à la fin, Bong Joon-Ho s'était rappelé qu'il évoquait la fracture sociale.


Cependant, on ne peut pas ôter à ce film son caractère dérageant amorcé dès le choix de la maison de la famille aisée. N'étant pas très réceptive à l'architecture moderne, je l'ai personnellement trouvé très malaisante, oppressante. Il en va de même pour les scènes de violence qui surprennent, voire choquent et dont on garde un vif souvenir même après quelques semaines.


Si Parasite ne laisse tout de même pas une empreinte catastrophique dans mon esprit, c'est grâce à sa réalisation globale aux petits oignons. Rien dans les décors n'est laissé au hasard, tout est soigneusement agencé de sorte à procurer une impression chez le spectateur. Ceux-ci toujours filmés avec précision et maitrise. Bong Joon-Ho sait comment il faut manier la caméra pour inspirer du suspens, de l'action, de la jovialité… Les scènes surtravaillées évoquées plus haut en sont les preuves les plus nettes. Bien que je n'y adhère pas, il faut tout de même reconnaitre qu'elles sont très étudiées et admirables.


Cette Palme d'Or 2019, en dépit d'une esthétique étudiée et élégante, peine à se montrer convaincante dans son intégralité. La faute à un scénario qui se vautre dans l'invraisemblable et une mise en scène trop souvent extravagante.

clem246
6
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le 1 mai 2021

Critique lue 370 fois

2 j'aime

Clem Mp

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