Merci à l'Utopia de Montpellier de m'avoir donné la possibilité de revoir ce film. Je l'avais vu ado. Et n'avais que très peu de souvenirs. J'en avais d'autant moins que le remake Le temps d'un week-end m'avait impressionné. Surtout la prestation mastoque de Pacino. Parce qu'il faut avouer que la fin est brin gnan-gnan. Hollywoodienne, un peu poussée. Plus facile mais néanmoins efficace il est vrai. Ici c'est à quelque chose de beaucoup plus subtil que l'on a affaire.

Et puis, c'est d'abord la performance de Vittorio Gassman que je ne suis pas loin de commencer à adorer, qui nous est proposée. Il se dégage de ce type un charisme, avec sa voix de stentor, avec son rire, sa carrure, son regard hallucinant, une puissance qui ne peut que forcer le respect, au minimum.
Le rôle porte littéralement en lui les émotions à leur paroxysme. Il y a là de l'hystérie masculine dans ce qu'elle a de plus émouvante, un sentiment de force pour contrer sa peur et aussi d'abandon, de couardise et de révolte face à cette même peur. C'est très beau. La direction de Risi est sur ce point d'une rigueur que j'applaudis. Il n'en fait pas trop.

Sur la composition d'Agostina Belli j'afficherais un enthousiasme plus réservé. Elle est très belle. Mais le rôle qu'on lui confère n'est sans doute pas d'une envergure identique. Il lui faut verser la larme trop facilement.

Le petit Ciccio (je ne me souviens plus de son vrai prénom à ce personnage) est joué par un jeune Alessandro Momo qui fait juste le boulot de jeune adulte pas encore fini. Il fait le job, en clown blanc.

En somme un double périple, touristique de Milan à Naples (très beaux plans d'exposition de la part de Risi et bonne insertion des personnages dans les décors extérieurs, dépaysant!) mais aussi intime, au creux de la peur, le gouffre du noir absolu, cette peur d'être seul, de ne pas être un homme, le refus de voir avec autre chose que ses yeux et d'aimer avec autre chose que sa bite.
Alligator
8
Écrit par

Créée

le 16 févr. 2013

Critique lue 505 fois

3 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 505 fois

3

D'autres avis sur Parfum de femme

Parfum de femme
Ze_Big_Nowhere
9

Un doux parfum à l'odeur tenace

Des yeux morts sans lunettes, une main en bois gantée de noir. Des dents blanches et un sourire carnassier. Une barbe bien taillée, un costume immaculé. Un cynisme exagéré et un profond...

le 25 nov. 2013

31 j'aime

10

Parfum de femme
Rawi
9

Critique de Parfum de femme par Rawi

Le génial Vittorio Gassman incarne ici un militaire à la retraite forcée, le capitaine Fausto Consolo, devenu aveugle à la suite d'une explosion. Ce grand acteur italien a d'ailleurs décroché le prix...

Par

le 30 nov. 2012

18 j'aime

2

Parfum de femme
SB17
7

Parfum de mort

Souvent considéré comme le meilleur film de Dino Risi, Parfum de femme ressort en Blu-Ray dans une version 4K. Avec un Vittorio Gassman dans l'un de ses plus grands rôles, ce film marque une certaine...

Par

le 22 juin 2022

12 j'aime

4

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime