Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment d'un si grand amour...

Oyé Oyé braves gens ! Venez découvrir sur le Boulevard du Crime et ailleurs le nouveau spectacle de pantomime de Fiona et Dominique ! Après les déhanchements de "Rumba", après avoir affronter le froid de "L'iceberg" ou la chute de la falaise dans "La fée"... nos deux artistes vous proposent du suspens... du rire... des poursuites... des plongeons... de la poésie... de la danse encore et encore et ils... parlent ! Un spectacle à vous couper le souffre d'une existence triste ! Voici... Voici... "Paris pieds nus".


Et non... nous ne sommes pas chez Marcel Carné... Fiona n'est pas Garance, Dominique n'est pas Baptiste... Et pourtant la filiation avec "Les enfants du Paradis" est indéniable. "Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment d'un si grand amour", c'est ce que va nous prouver ce chassé-croisé burlesque, qui du Canada au cœur historique de Paris vous fera vibrer le cœur autant que ceux de nos quatre tourtereaux !


Quand Fiona sage bibliothécaire vivant au Canada part sur les traces de sa tante âgée, qui elle, vit à Paris, jamais elle ne pouvait imaginer vivre un telle aventure, ou de mésaventures et pourtant !


Abel et Gordon, le couple décalé du cinéma européen, mènent depuis quelques années déjà une carrière atypique, comme si le temps avait un moment pour eux suspendu son vol.


Leurs histoires sont toujours simples, elle sont le socle d'un support d'expression qui a connu naguère son heure de gloire, le pantomime. L'intensité du récit passant principalement par l'expression des corps, de gestes, de scénettes qui sont à elle seules des séquences autonomes, des décors factices (le village canadien) ou sublimés (L'île aux cygnes).


Leurs références tiennent à peu, mais quelles références ! Harry Langdon, Buster Keaton, Tati, un petit côté Branquignoles (autre couple mythique du burlesque, Dhery/Brosset) ou à la Pierre Richard. Comme eux ils grossissent le trait, comme eux ils savent placer le comique dans la surprise puis la répétition auxquels ils ajoutent toutefois un large champs poétique plein d'émotions si chère à Keaton. La maladresse en bandoulière, on ne peut que les aimer.


On pourrait croire que cet univers est leur chasse gardée. Il n'en est rien, il suffit de voir la plaisir que se donne Emmanuelle Riva à interpréter cette tante déboussolée. Et celui de celui qui lui fait écho, Pierre Richard. La scène du banc (la même que La La Land) suivie de celle du Paris by night (toute aussi identique) résonnent à l'âme mille fois plus que dans le film de Chazelle. L'artifice est un art qui ne s'improvise pas, mais se ressent.


Et bien d'autres moments magiques jalonnent le film. Le vent qui s'engouffre dans la bibliothèque (jolie trouvaille), la pose, sur ciel azuréen, à la "ouvriers sur un gratte ciel" des trois protagonistes au sommet de la tour Eiffel, le tango au restaurant sur du Gotan Project, le repas rythmé de Dominique, l'enterrement... il y en a tant... autant de séquences de bravoure visuelle, de magie poétique, avec de francs rire... A ce niveau c'est un véritable enchantement.


Dans "Deburau" de Guitry, Jean Gaspard entame un long monologue sur le plaisir d'être un artiste de pantomime et il conclut en disant :



"Adore ton métier c'est le plus beau du monde, le plaisir qu'il te
donne est déjà précieux ma sa nécessité réelle est encore plus
profonde, il apporte l'oubli du chagrin et des mots"



Fiona Gordons et Dominique Abel véritables artisans de ce courant à contre courant, en ont saisi toute la substance, il nous offrent des moments de plaisirs savoureux et nous font oublier pendant quelques minutes l'âpreté de notre monde et l'absence totale d'harmonie qui devrait y régner. Ce sont des Enfants du Paradis, gais comme pinson. Ils fabriquent un monde où "les rêves et la vie sont pareils" de quoi nous donner encore plus des raisons de bien vivre.

Fritz_Langueur
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le 13 mars 2017

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