Quel film attachant, profond et d'une intelligence bien trop rare ! Ici, l'amour est bien là des deux côtés. Il ne demande qu'à vibrer chez nos deux héros. L'étude de Lucas Belvaux est d'une justesse et d'une finesse incroyable . Avec une Emilie Dequenne lumineuse et vraie, il montre la rencontre amoureuse entre un prof de philosophie de la capitale et une coiffeuse provinciale. Les écarts culturels et sociaux sont montrés de façon claire et pertinente. "Pas son genre" est bien construit, bien filmé, impeccablement monté et admirablement interprété. La violence de classe et son creuset qu'est la culture sont bien là, en guet-apens. Je dois avouer cependant que je ne m’attendais pas à une fin aussi "radicale". Je suis sorti de là un peu chamboulé. Où est la vérité dans l'amour ? C'est la vraie question que soulève le film. Comment certaines personnes déplaceraient des montagnes par amour, alors que d'autres ne déplaceraient pas même un grain de sable? Clément aime Jennifer, mais dans une bulle, hors de sa vie parisienne à laquelle il ne sacrifiera rien. L'amour ne représente qu'une partie de sa vie, alors que pour Jennifer, c'est sa vie. Et comme il est dit à un moment, en effet, il ne la mérite pas. Ce qui finit par l'emporter, ce sont les conventions sociales. Mais , elles ne sont que ce que l'on veut bien qu'elles soient. Ce qui importe pour Clément, c'est le regard des autres sur lui. Le film a , quand même, quelques problèmes de rythme avec des scènes de Karaoke très disproportionnées en terme de longueur. Puis, la caractérisation des personnages est quelques fois un peu trop stéréotypé dans son antagonisme Paris/Province en surjouant la fierté et la beauté campagnarde contre le "snobisme" de la capitale . Ce sont davantage les distances d’éducation, de culture et de codes sociaux sur lesquelles se penche Lucas Belvaux. Tout va se révèler un peu plus à chaque fois jusqu'à la balade fatidique au Carnaval...

pasteque68
9
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le 28 avr. 2020

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pasteque68

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