Pas son genre nous interroge sur notre façon d’aimer. C’est assez intime au fond. D’un côté une femme qui se retrouve dans l’implication, la douceur, l’expression des sentiments, la joie, la communication, la passion, la peur de perdre l’autre, l’angoisse, la jalousie. Un amour brûlant. De l’autre un homme qui éprouve sans doute les même sentiments quelque part en lui, mais qui est incapable d’en faire quoi que ce soit. Un homme qui se plait dans la tolérance, la patience, la réflexion, le calme, la passivité, le détachement, le retrait. Il pourrait aimer intensément l’autre personne qu’il ne saurait pas comment le montrer. Pourrait-il ressentir de la jalousie ? Bien sûr, mais il lui accorderait moins d’importance que la confiance qu’il a pour la personne aimée. Des caprices amoureux ? Sans doute oui mais la timidité et le respect l’en empêchent.
Je peux comprendre ce genre d’hommes. Oui en fait là dans ce p’tit paragraphe je vais un peu parler de moi, je suis désolée. J’imagine que chacun peut d’ailleurs se retrouver un petit peu dans l’un ou l’autre des personnages de ce film. On peut parfois aimer tendrement quelqu’un mais ne pas savoir comment lui exprimer, et de pas réussir à montrer son amour comme l’autre aimerait. Parfois il est attendu de nous que l’on fasse des surprises, que l’on soit passionné, que l’on rit à gorge déployé, que l’on hurle de jalousie, que l’on claque la porte par colère, que l’on revienne deux heures plus tard le genou à terre en demandant pardon, que susurre « Je t’aime » à l’oreille … Mais ces paroles peuvent rester coincées dans le fond de la gorge et ces gestes retenus par notre corps. On peut être prisonnier de sa timidité, de sa manière d’être et d’appréhender le monde. On peut se sentir vraiment seul quand on est ce genre de personne. Oui parce que cela implique faire souffrir l’autre personne, qui attend de nous des choses que l’on n’est pas capable de lui offrir. Et ça ça fait mal, des deux côtés du couple.
C’est là que réside selon moi la tendresse de ce film. Il nous met face à qui nous sommes, à nos sentiments et nos fonctionnements personnels. Il nous invite à nous méfier de nous-mêmes. Je ne connais malheureusement pas grand-chose à la scénographie ni au reste des aspects techniques du cinéma, je ne me prononcerais donc pas là-dessus. Toutefois je peux dire que ce film a été un bon divertissement. Emilie Dequenne est « jolie », émouvante dans ses contradictions. Loïc Corbery est attendrissant avec son sourire délicat et son regard effrayé.

FreePeople
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le 14 nov. 2015

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