C’était le seul Pialat qu’il me manquait pour compléter sa filmographie. Chose réparée, je l’ai enfin vu. J’ai été un peu déçu, il s’agit tout de même d’un Pialat « mineur », en dessous de ses multiples chefs d’œuvre. Ce n’est pas excellent, mais ça reste bon tout de même car on retrouve beaucoup d’éléments propres au cinéma de Pialat.


En effet, Pialat capte encore une fois merveilleusement bien le réel avec ces adolescents, des personnages qui ne sont pas forcément intéressants, mais auxquels Pialat arrive à donner une certaine consistance car ceux-ci sont véritablement authentiques. Pialat filme vraiment le vrai pour personne, sa mise en scène est encore une fois prodigieuse tant elle sonne juste (juste, c’est vraiment le mot parfait pour qualifier le cinéma de Maurice Pialat). L’écriture de ce film n’a que très peu d’importance d’ailleurs (comme c’est le cas pour beaucoup de ses films, comme l’Enfance nue par exemple) car ce n’est pas un film formidablement écrit, mais c’est un film qui dégage une certaine pureté, comme tous les Pialat d’ailleurs, même si cette pureté est beaucoup moins intense qu’un film comme La Gueule Ouverte ou La maison des Bois. C’est un film assez léger finalement dans la filmographie de Pialat. Après, c’est comme dans beaucoup de Pialat, il arrive à capter des moments de bonheur, et à capter des moments plus sombres, durs (la dispute entre Elizabeth et sa mère est très réussie tant elle transpire le vrai, le brut), car la vie n’est ni rose ni noire, mais disons que ça reste plus doux, ou en tout cas moins « dur » que la majorité des Pialat. C’est un film sur des êtres qui se cherchent quelque part (comme l’Enfance nue, où le gamin se cherche) , ses adolescents qui ne savent pas vraiment qui ils sont et qui veulent à tout prix éviter la terrible monotonie de la vie. La fin me paraît un peu pessimiste par ailleurs, comme si cette monotonie qu’ils essayaient de suivre les rattrape, avec ce redoublement («  on va encore se farcir les mêmes choses toute l’année »), ou encore cette fameuse phrase « A quoi penses-tu ? – A rien ». A noter que Elizabeth, après cette phrase, embrasse sa mère de la même manière qu’au tout début du film, insistant sur le caractère pessimiste, sur la monotonie qui guette chacun de nous. Fin pessimiste, et pourtant cette fin dégage tout de même cette pureté propre à Pialat, voir cette fille embrasser sa mère, c’est très beau (quand Pialat est derrière la caméra, évidemment^^)


Après, même si les personnages sont authentiques et que les éléments Pialesque de la réalisation sont bien présents, le film n’atteint pas les sommets de ses autres films d’un point de vue émotif, je n’ai pas spécialement été touché comme je l’ai si souvent été devant ses films. Cependant, ça se suit bien, sans ennui, et c’est criant de vérité. Donc c’est bon. Pialat fait parti de ces (très) rare réalisateurs à n’avoir aucune fausses notes dans leur filmographie, d’une constante exceptionnelle (il faut quand même que je revois Loulou, le seul que je n’ai pas trop apprécié, et encore, c’était très loin d’être mauvais).

Reymisteriod2
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le 23 mars 2017

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Reymisteriod2

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