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Passengers n’existe pas. Je suis rentré dans la salle, je suis sorti de la salle, il ne s’est rien passé. Ce film a le gout neutre d’un verre d’eau, la clarté d’une vitre propre et le potentiel d’une musique d’ascenseur. Pas tout à fait une musique d’ascenseur, plutôt un tube de l’été avec des voix tellement modifiées qu’elles en deviennent métalliques, huit producteurs attachés à écrire un texte de quatre lignes et une armée de musiciens surdoués surpayés pour que ça ne déplaise à personne. C’est irréprochable sur un plan technique mais comme tous les tubes, ça sonne désespérément creux. Passengers semble exister pour se faire oublier, pour faire passer le temps le plus confortablement que possible dans une bouillie d’émotion convenue qui ne cache même pas son absence totale d’ambition.


Le scénario raconte en gros un meurtre qui tourne bien grâce au fait que Chris Pratt ne ressemble pas à un plateau de fruits de mer un lendemain de réveillon et à une facilité scénaristique massive amenée par un Morphéus (Laurence Fishburne) au rôle tellement inutile qu’il se rapproche du caméo qui s’éternise. Le scénario est juste moulé pour servir l’histoire d’amour et ça se voit. Je me serais marré si Chris Pratt avait été joué par Keanu Reave comme c’était initialement prévu. C’est pas le cas, c’est pas marrant.


Que dire de plus ? Pratt qui vit un robinsonnade dans un vaisseau aux allures de paquebot de luxe qui a un peu la gueule d’un hypothétique tirebouchon vendu en apple store, ensuite il vit une histoire d’amour convenue avec Jennifer Lawrence et il y a des péripéties qui semblent arriver un peu tard comme si on se disait au bout de la moitié du bouzin qu’il faudrait commencer à expliquer à quoi servent les dix minutes d’intro qui sont à 2001 l’odyssée de l’espace ce qu’un trajet canapé-frigo est au vent des globes. Tout est téléphoné avec une grosse heure d’avance. Alors oui, il y en a bien un ou deux qui me diront que la direction artistique dépote, c’est sûr qu’à 110 millions de dollars de budget c’est plutôt cool d’avoir fait un effort sur les quatre décors du film mais on est quand même dans le seul long métrage à citer Shining (le bar) dans un seul et unique but esthétique.


Alors oui, le film est tellement consensuel qu’il va probablement trouver des adeptes : « rah le mec allergique aux films romantiques, d’ailleurs t’as mis Creed dans tes films de l’année », c’est sûr que quand on tape sans honte aucune dans 2001, du Sunshine, du Avatar voire du Wall-E et un zeste d’Armageddon, on est sûr de pas se tromper. Je ne dis pas que mettre des LED sur une combinaison spatiale c’est pas joli, mais se farcir deux heures de prémâché insipide, même correctement rythmé, c’est pas intéressant.


Passengers n’est pas une occasion loupée car il n’y a jamais eu d’occasion à saisir. Le film n’est que sa bande-annonce en plus long.


Vous voulez la vraie raison ? J-Law se fait payer 20 millions et 30% des recettes, Pratt a été super content de toucher son chèque de 12 millions et les gens derrière le projet ont juste eu l’élégance de pas faire quelque chose de complètement bâclé.

Cinématogrill
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le 1 janv. 2017

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