Alors que Blade Runner 2049 et Alien : Covenant sont en lice pour se partager le titre de meilleur gros morceau SF de 2017, gageons que l'année 2016 a vu le genre connaitre un regain de santé loin d'être désagréable, notamment grâce à un circuit indépendant particulièrement inspiré ces derniers mois (les chefs d'oeuvres Midnight Special et Premier Contact de Jeff Nichols et Denis Villeneuve, le génial 10 Cloverfield Lane de Dan Trachtenberg).
Histoire de terminer 2016 en beauté, Passengers incarnait sur le papier, la grosse et couteuse (110M$ de budget, hors campagne promo) cerise qui devait embellir un bien gouteux gâteau.


Produit dans la douleur (désistement du casting vedette original, Keanu Reeves et Rachel McAdams, sans oublier une petite valse des réalisateurs derrière la caméra), et basé sur un script ayant fait les beaux jours de la fameuse blacklist Hollywoodienne, le nouveau long métrage de Morten Tyldum (The Imitation Game) alléchait les cinéphiles que nous sommes autant pour son propos ambitieux, que pour son casting-titre composé de la belle Jennifer Lawrence et du so cool Chris Pratt; deux des comédiens les plus demandés - et géniaux - du moment.


Sorte de melting-pot des genres ne sachant pas forcément ou vraiment donner de la tête malgré un pitch de base assez simpliste (le scénario est signé par Jon " Prometheus " Spaiths, pas forcément un gage de sécurité pour les cinéphiles endurcis), Passengers conte comment, lors d'un voyage spatial qui tourne à la catastrophe, Jim, un mécanicien, se réveille subitement de son sommeil artificiel quatre-vingt-dix ans trop tôt, alors que le reste de l'équipage est endormi.
Egoiste à souhait, le bonhomme, ne voulant pas périr seul, décide de réveiller la belle Aurora, pour en faire sa compagne de solitude - mais pas que.
Mais très vite, le vaisseau est en perdition, et Jim et Aurora sont les seuls capables de sauver les milliers de passagers endormis qui peuplent l'Avalon...


A la fois huis clos tendu, comédie romantico-SF sous fond de film d'action/drame sur la condition humaine, le Tyldum nouveau, coincé le cul entre de multiples chaises, pêche autant par son ambition un poil démesuré que son manque cruel de consistance, au sein d'une intrigue aussi plaisante à suivre qu'elle est d'une prévisibilité affligeante jusque dans son final, abrupte et manqué.
Après une ouverture prometteuse, avec son faux prince charmant détestable dans les actes criminels qu'il comet tout en étant follement empathique (face à la dépression et la solitude, qui n'agirait pas comme lui ?), le métrage change subitement de fusil d'épaule dans sa seconde moitié, en tentant d'en faire LE héros capable d'empêcher la destruction de ce Titanic errant dans l'espace; tout en empochant au passage, les faveurs d'un love-interest pas forcément bien croqué.


Si derrière la caméra, Tyldum s'échine à faire le job (le rythme est pesant, mais l'ambiance est joliment claustrophobe), alors que le duo C-Pratt/J-Law semblent plus en pilote automatique qu'à l'accoutumer (Laurence Fishburne et Michael Sheen sont des seconds couteaux de luxe), visuellement en revanche, Passengers offre son petit lot de séquences mémorables grâce à une esthétique soignée (le design et des décors sont impressionnants), faisant du vaisseau Avalon un endroit à la fois paradisiaque et angoissant.


Un bonbon acidulé à l'enrobage luxueux donc, mais qui en bouche, laisse clairement un arrière-gout d'inachevé trop persistant pour en faire un moment de cinéma remarquable dans une année ciné 2016 au final bien plus riche qu'elle n'en a eu l'air...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2016/12/critique-passengers.html

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le 10 mars 2017

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