Une pomme à moitié croquée apparaît en ouverture du film. En un léger mouvement vers le haut, la caméra se focalise sur deux femmes plutôt complices. Elles travaillent sur un Mac et le signe mentionné au départ est le logo représentant Apple. Veut-on nous faire comprendre qu'à l'image de la technique, la relation des deux femmes est éphémère ? Ou bien que cette pomme représente le pêché commis par ces dernières ? Plutôt flou, à l'image de Passion, la dernière œuvre de Brian de Palma.
En voulant reprendre le dernier film d'Alain Corneau (Crime d'amour, très intelligent), le cinéaste américain s'intéresse à une chef d'entreprise (McAdams) s'amusant à humilier l'une de ses collègues (Rapace), totalement admirative et amoureuse d'elle. Sauf que c'est raté. Toutes les scènes se passant au sein de l'entreprise ne sont pas intéressantes et un tantinet caricaturales. L'ensemble du récit n'est pas cohérent (notamment l'histoire des jumelles). Quant à la fin ajoutée par le réalisateur lui-même, il suffit de dire qu'elle n'a pas lieu d'être puisqu'elle est bancale, brouillonne et n'a ni queue ni tête.
Heureusement que De Palma se livre à des exercices de style qui sont les bienvenus pour réussir à élever ce film bien fade. Grâce à une caméra bancale symbolisant la folie, quelques vues subjectives réussies, et la teinte de la photographie modifiée pour rentrer dans un univers parallèle, Passion est une œuvre qui reste maîtrisée. Sauf qu'une musique trop présente, parfois inappropriée, et Rachel McAdams qui n'arrive pas à porter sur ses frêles épaules le rôle qu'on lui a confié (par rapport à l'expérimenté Kristin Scott Thomas) suffit à faire sombrer Passion dans les films à oublier.
Noomi Rapace s'en tire à meilleur compte en jouant mieux la « folie » que l'amante éperdue. On sort néanmoins déçu et frustré car le scénario de base est pourtant bien dense. Cela aurait pu devenir de l'or dans les mains du grand et expérimenté Brian de Palma. Résultat : nous n'aurons droit qu'à de l'étain.