Je me rappelle avoir détesté le premier film de la réalisatrice, Danielle Arbid. Le propos tenu, même s'il est une déclaration d'amour à la France, restait à mes yeux extrêmement maladroit dans le contexte migratoire de l'époque. Je ne reviendrai pas davantage dessus.
En revanche, les défauts cinématographique de Passion Simple n'étaient pas présents me semble-t'il dans Peur de rien. Le défaut du film est d'avoir voulu faire une transposition du film et non une adaptation, quand bien même elle évite les écueils anachroniques du récit original à ce film qui pose la diégèse dans une époque contemporaine. Le livre ne montre pas aussi explicitement ce que le film ne peut faire autrement. Certes, on a une description des scènes passionnelles, mais elles sont imaginées par les lecteurs, or dans le film elles sont montrées. Malheureusement, le film tue l'arc-en-ciel dans ce sens. Outre les scènes amoureuses qui eurent dû rester dans le cénacle de l'intime, les pensées du personnage principal, malgré certaines voix off et le jeu particulièrement réussi de Laetitia Dosch n'arrivent pas être correctement exprimées. Elles restent dans l'appréhension du spectateur et n'arrivent pas à dépasser l'écran là où la littérature permet une certaine fusion, du moins, plus facilement. Un propos positif cependant est cette acceptation de la relation sexuelle qui peut être asymétrique. Certes elle paraît soumise pendant les rapports, et c'est ce qui lui plaît, mais ne l'est pas pour autant dans les rapports sociaux entre elle et lui. La scène de la jupe où Alexandre, l'amant russe, lui défie de la porter parce qu'elle est trop courte est révélatrice à cet égard. Ce n'est pas parce qu'elle a certaines pratiques qu'elle est forcément soumise. Cela me rappelle le propos d'un mysogine qui reprochait à une féministe son goût pour les fessées et le tirage de cheveux assimilant ceci à une soumission inconsciente, or c'est assez idiot de voir dans une pratique sexuelle un comportement social. Et c'est ce que Passion Simple exprime en un sens, ce n'est pas parce que la femme a des pratiques qui expriment une certaine soumission au lit que forcément cela se répercute au dehors. Et inversement. En fait, il me semble même qu'il y a entre ces deux amants une opposition entre existentialisme féminin et essentialisme masculin, où Alexandre agit comme un macho et est décrit comme tel par Hélène. Mais ce propos étant déjà présent dans le livre, il n'est pas à prêté à la réalisatrice, quand bien même il est particulièrement bien démontré.
C'est un film assez simple, sans grande prétention au final, et c'est peut-être là son défaut. La réalisatrice aurait pu prendre plus de liberté et en faire quelque chose de meilleur, peut être pas de parfait, mais de plus pertinent.

notaxelfr
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le 23 août 2021

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