Lorsque, par une chaude soirée d’été, j’ai vu PATERSON pour la première fois, accompagné par des amis, la moitié d’entre eux était parti se coucher au bout de 30 minutes. Une heure plus tard, je restais seul dans le salon. Beaucoup d’appelé, peu d’élu pour ce genre de film.


Seul dans mon salon de vacance, j’étais, moi aussi, un Paterson en puissance, seul, certes, mais ivre d’émotions.


Pourquoi avais-je accroché alors que, à l’unanimité, ce film rebute ?


Est-ce la simplicité du personnage principale, sans excès, anti-héros par excellence ?


Ce qu’il transporte dans son bus, puisqu’il est conducteur, ce n’est pas seulement des passagers, c’est une philosophie de la vie, une simplicité, comme ses poèmes, il est au-dessus des problèmes du communs des mortels, par-delà les hasards de la destinée humaine.


Moine Zen Moderne, chacun, au fil de l’histoire, raconte ses soucis, ses problèmes quotidiens, jusqu’au chien, Marvin, qui aboie sans cesse de mécontentement, Paterson ne se plaint pas, il cueille le jour.


Son inspiration, c’est la ville de Paterson, New Jersey, ville austère et pauvre qui n’offre aucune perspective d’avenir, pourtant tel une rose sortant de la boue, Paterson en fait son terreau pour rédiger ses poèmes à la Emily Dickson. Tous les midis, il prend sa pause face au pont métallique qui précède une cascade d’eau clair, pont qui incarne le passage d’un monde matériel à un monde poétique.


Ce film instaure une ambiance, une atmosphère incroyable comme sait le faire Jim Jarmusch. Les décors et la musique sont épurés mais très efficace pour rentrer dans le film.


L’aspect essentiel de ce film, c’est sa capacité à renverser les valeurs et l’idée que l’on se fait de la vie. Notre civilisation judéo-chrétienne nous a mené à une vie tournée sur soi-même, oubliant cette sagesse grecque, que nous ne sommes qu’un fragment dans ce monde.


Paterson nous invite à voir la grandeur des petites choses et la petitesse des grandes pour retrouver notre vrai nature, celle où l’on ne serait que la partie d’un tout ou comme dit Hubert Reeves : Une poussière d’étoile.


Bon film les amis.

J5L7
9
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le 25 mai 2018

Critique lue 164 fois

J5L7

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