Clairement pas un bijou mais ça se regarde.


Le gros reproche à faire, c'est que c'est terriblement plat : c'est normal, il n'y a pratiquement pas de conflits. On ne s'ennuie pas vraiment, parce que le personnage fait des rencontres sympathiques, même si les dialogues paraissent plus fantasmés qu'autre chose et que le tout est un peu redondant (les losers magnifiés, c'est bien mais à petite dose : ici il n'y a que ça).


Il y a un côté dérisionnel sympathique aussi : JJ s'amuse de ce monde artistique (la gamine poétesse snob, le chauffeur de bus déphasé, le copine qui veut absolument percer avec un art ou un autre et prête à découvrir une nouvelle pratique si ça peut lui apporter du succès) et c'est ce qui rend le film abordable. Il reste malgré tout l'impression qu'au fond, l'auteur est un peu sérieux, qu'il considère son personnage comme un grand poète de la plèbe.


En tous cas, malgré le peu de constructions dramaturgique, l'auteur a pu trouver une fin satisfaisante et logique ; c'est-à-dire que je me suis demandé durant le fil comment Jim allait conclure son récit, la solution est bien trouvée : le climax est logique (bien préparé), la crise finale fonctionne assez bien car elle permet au héros de se rendre compte de sa passion et la rencontre finale qui amène la grande résolution est à nouveau très cohérente (elle permet d'unir tous les thèmes abordés).


La mise en scène fonctionne globalement bien. La photographie est soignée, délicate. Le découpage est pertinent, jamais trop invasif et JJ trouve le moyen de renforcer le côté humoristique/absurde de certaines situations. Le montage est parfois un peu lent, mais ça reste loin de la lenteur obsessionnelle des premiers films de Jarmusch. Les acteurs jouent très bien, juste dommage d'avoir autant de plans de Driver (qui conduit, héhé) souriant.


Bref, ça se regarde.

Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 26 déc. 2018

Critique lue 336 fois

4 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 336 fois

4

D'autres avis sur Paterson

Paterson
Velvetman
9

Twin Peaks

Après Détroit et les sorties nocturnes d’Only Lovers Left Alive, Jim Jarmusch déplace de nouveau son cinéma dans une ville en friche où la lisière se révèle étroite entre les briques en ruine et le...

le 24 déc. 2016

143 j'aime

5

Paterson
Mil-Feux
8

Water Falls - hymne à la vie

Avis à celleux qui "respirent la poésie" et l'admirent, Jim Jarmusch est revenu pour nous faire rêver. Paterson s'ouvre sur l'étreinte profonde et silencieuse d'un homme et d'une femme dans leur...

le 22 déc. 2016

126 j'aime

32

Paterson
Sergent_Pepper
7

Le cercle des poètes disparates

Lorsqu’un poème est écrit en prose ou en vers libre, il perd instantanément la faculté d’immédiate séduction qu’avait son prédécesseur en vers : la rime, le rythme, musique et cadence de la forme...

le 3 janv. 2017

102 j'aime

11

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55