Un plongeon trop arrosé dans une eau pas assez profonde et c’est la vie sportive de Benjamin, dit Ben, qui cesse brutalement. Devenu tétraplégique incomplet, il lui faut réapprivoiser avec patience son grand corps malade.
En caméra subjective dès les premiers instants, le film force le spectateur à se coucher sur un brancard, puis sur un lit d’hôpital. Les lumières froides suspendues au plafond s’imposent et agressent le regard. Les visages furtifs qui paraissent et disparaissent révèlent sourire, aigreur ou condescendance. Le ressenti oppresse. L’on suffoque à l’idée même d’être un jour prisonnier de son enveloppe charnelle. De n’être plus qu’un pantin désarticulé à la merci de mains, bras et jambes bienveillantes. L’approche autobiographique de Fabien Marsaud, slammeur émérite et reconnu aujourd’hui, se révèle pourtant tendre, pleine d’humanité. Bien entouré par le personnel soignant et ses nouveaux camarades de guerre, son personnage premier, incarné par l’enthousiasmant Pablo Pauly, affiche un humour communicatif bienvenu à l’ironie douce. Il rappelle que derrière la douleur et la paralysie, il y a l’envie folle de rester debout. Et que la guérison, âpre, longue si possible, ne peut se faire en étant seul. Elle nécessite courage, abnégation et des espoirs adaptés.
7.5/10
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