Je connais très peu Dino Risi dans les faits, et ne pouvant pas juger ce "Pauvres Millionnaires" à l'aulne de la trilogie dans laquelle il s'inscrit, il en résulte une comédie étrange, empruntant plusieurs chemins différents, au ton léger et assez agréable. Le couple de couples sert de support au portrait d'une certaine jeunesse, prise dans une succession de situations fâcheuses, coupée dans son élan et dans son aspiration à accéder à un certain confort matériel.


La première partie du film laissait suggérer une comédie burlesque vaguement américaine, comme héritée du cinéma muet avec ce comique de répétition sur le thème des trains pris et des trains ratés entre les hommes et les femmes. Deux lunes de miel qui s'annoncent compliquées... Mais en réalité il s'agissait d'un avant-goût presque hors-sujet, car l'essentiel du film tournera autour d'une configuration originale : suite à un accident, l'un des deux perdra la mémoire et sera précipité chef d'un magasin, oubliant toutes ses relations passées, ami comme femme. La comédie s'articulera ainsi autour d'une longue série de quiproquos et de contretemps divers, s’enchaînant parfois à une grande vitesse. On penserait presque à une screwball comedy.


On aurait aussi pu croire à une forme de néoréalisme, avec la description de l'appartement bancal dans lequel les 4 lurons vivent : pris dans des rêves démesurés par rapport à leur situation, ils logeaient entre quatre murs dénués de fenêtres car la pose s'est avérée trop onéreuse. Mais c'est bien la satire de la bourgeoisie, autant que des pauvres qui se rêvent aristocrates, qui occupe le centre du tableau. Renato Salvatori, confortablement installé dans sa nouvelle vie bordée d'opulence, goûte au luxe en même temps qu'il devient parfaitement odieux, donnant lieu à du burlesque social simple mais rafraîchissant. Sa femme sera l'héroïne d'une reconquête amoureuse intéressante, puisque son mari amnésique retombera amoureux d'elle suite à de nombreuses péripéties (incluant une vitrine étrange). La satire reste très tendre, mais le portrait quasi sociologique des années 50 italiennes (problèmes de logement, aspirations économiques, attachements familiaux, désir d'indépendance) se suffit presque à lui seul.

Créée

le 13 sept. 2019

Critique lue 202 fois

2 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 202 fois

2

D'autres avis sur Pauvres millionnaires

Pauvres millionnaires
FrankyFockers
7

Critique de Pauvres millionnaires par FrankyFockers

Troisième volet de la trilogie de Risi "Pauvres...", sans doute le moins bon des trois, mais encore une réjouissance totale et un sens de la comédie inouï. D'ailleurs le film vaut le coup rien que...

le 10 oct. 2023

1 j'aime

1

Pauvres millionnaires
Boubakar
6

J'ai la mémoire qui flanche.

Troisième et dernier de ce qui fut nommé la trilogie optimiste, Pauvres millionnaires reprend là encore toute l'équipe technique, et les acteurs des précédents volets, à l'exception de Marisa...

le 21 nov. 2018

1 j'aime

Pauvres millionnaires
Heurt
5

Les mariés.

Troisième volet des aventures des deux couples composés de frères et sœurs. Maintenant mariés les deux couples partent en voyage de noce ensemble. On retrouve ici les personnages des autres épisodes,...

le 9 mars 2018

1 j'aime

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

141 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11