Paycheck
5.3
Paycheck

Film de John Woo (2003)

Je ne suis pas spécialiste de K.Dick, mais si on me demandait de résumer son oeuvre, je crois que je le dirais comme ça : y a des gens avec des problèmes de mémoire, et des gens avec des problèmes de temps.

En l'occurrence, le héros de Paycheck combine les deux : il a vu le futur, mais il ne s'en souvient plus. Et comme il se retrouve poursuivi par des gens en costume qui lui tirent dessus, on suppose qu'il y a un secret là dessous. S'ensuit une course poursuite en forme de puzzle pour rassembler les morceaux de l'histoire, notre héros avançant à tâtons mais en courant dans les méandres de son passé.

Mon manque d'enthousiasme ne rend pas grâce au pitch : on sent que c'est solide, et ç'aurait pu donner un très bon film si celui-ci n'était lesté de lourdes tares que je m'en vais recenser parce que c'est rigolo de dire du mal.

D'abord, Ben Affleck, qui campe le héros paumé avec autant de talent qu'un caillou qui saurait froncer les sourcils. Inexpressif, bovin jusque dans les scènes d'action, on se demande ce qu'aurait donné le film s'il avait échangé sa place avec la perruche d'Uma Thurman.

Le reste du casting, pourtant classieux sur le papier (Thurman, donc, mais aussi A.Eckhart et P.Giamatti), ne démérite pas, mais une endive reste une endive, même bien assaisonnée.

La réalisation, quant à elle, souligne l'état de mort clinique du talent de John Woo depuis son arrivée à Hollywood, Volte/Face faisant une aimable exception à la litanie d'échecs qu'il traverse. Molle et sans idée jusque dans les scènes d'action, elle rend le jeu de piste mémoriel aussi palpitant qu'une partie de jeu de l'oie chez sa mamie d'Alençon, et les tics habituels du réalisateur (réminiscence floutée, vols d'oiseaux au ralenti) ne relèvent en rien cette fade mayonnaise.

Et pour ne rien arranger, et malgré une trame potentiellement riche en flashbacks, détours et autres jeux de l'esprit, le film s'avère d'une pénible linéarité, se contentant d'enfiler les "révélations" convenues jusqu'à la confrontation finale, plate et sans surprise.

Pour le reste, on est dans les standards du blockbuster, et c'est ce qui permet à Paycheck d'arracher quelques étoiles bienveillantes : c'aurait pu être plus moche, on aurait pu s'ennuyer plus.

Mais quand on vous annonce un cocktail savoureux, et qu'on vous sert un ricard, c'est normal de faire la gueule.
Troll
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le 25 janv. 2011

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