Adapter un conte de fées avec des moments dignes d'une comédie musicale était une entreprise risquée surtout au début des années 1970. L'association Legrand/Demy fonctionne pourtant et sans leurs deux talents réunis, le film serait bien fade à vrai dire. L'actrice Catherine Deneuve profite pourtant du talent de ces deux faiseurs pour peaufiner une aura déjà grande. Peau d'âne est donc un tout bien enrobé, bien réfléchi et visible par le plus grand nombre vu le sujet délicat du conte: la possibilité d'un inceste. Jacques Demy, en posant ce postulat terrible dés le départ, décide de s'en éloigner pour suggérer la reconquête de l'estime de soi de cette princesse qui va aussi se tirer de cette situation fâcheuse. Bien voir aussi la dualité de cette fée marraine envers sa protégée avant de la livrer à elle-même et à la fortune hors du royaume. A la fin du film également, une scène d'un anachronisme stupéfiant qui montre le pied de nez de Demy à l'imagerie mais aussi pour montrer l'intemporalité du message des contes, ce qui fait leurs grandes puissances d'évocation. Un film estampillé culte par une génération de spectateurs mais qui représente un savoir-faire artistique inédit pour son époque d'où la nécessité d'y jeter un oeil curieux, peut-être amusé mais pas indifférent.

Specliseur
8
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le 13 mars 2016

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