Péché mortel
7.4
Péché mortel

Film de John M. Stahl (1945)

Nov 2009:

Stahl propose une ode à Gene Tierney. Amoureux de cette femme au destin incroyable et à la beauté surdimensionnelle, j'ai pu ici l'admirer à satiété sur de nombreux gros plans et un technicolor très vif. Ma femme a eu du mal à s'en remettre, elle avait l'impression que c'était un noir et blanc "colorisé". Je crois pour ma part que c'est le maquillage triple couche qui se voit un peu trop, surtout sur Cornel Wilde. Gene est presque de tous les plans et la pauvrette Jeanne Crain essaie gentiment de faire son trou dans ce festival technicolor de tiernitude éclatante. Joli brin de jeune femme, un peu passive, mais rien n'y fait, je n'ai d'yeux que Gene dans un rôle de malade mentale, jalouse à l'excès, possessive extrêmiste jusqu'à l'homicide plus ou moins volontaire. En dépit d'un rôle aussi lugubre de harpie, de sorcière faite de fiel, de psychotique infoutue de vivre heureuse et simplement, en dépit du pathos effrayant qui la cadenasse à un destin forcément douloureux et noir, il se dégage de sa personne quelque chose d'envoûtant qui ne m'a pas permis d'en être totalement écoeuré. Cette actrice était trop belle pour pareil rôle. A-t-on jamais vu plus subjugante finesse et éclat des traits? Alors c'est forcément un regard biaisé que je porte sur sa performance d'actrice. Il m'est bien difficile de rester honnête et d'envisager qu'elle n'a pas réussi totalement à mettre son emprise sur le personnage. Je suis pourtant étonné par la dureté de son regard.

Par contre le pauvre Cornel Wilde -que j'ai vu assez moyen récemment dans Shockproof- me parait encore une fois pas vraiment éblouissant, juste ordinaire. Vincent Price n'hérite pas d'un rôle assez touffu pour faire montre de grand caractère. Sa participation au procès n'est pas assez valorisée. Les enjeux mélodramatiques prennent le dessus sur la grandiloquence affichée de son personnage.

Il faut saluer l'effort porté sur la photographie de Shamroy. Quelques plans sont joliment troussés. Le technicolor réhausse bien évidemment l'esthétique déjà épicée du film.

Tous ces soins assurent un spectacle plutôt agréable. Certes, ce n'est pas un grand film mais il donne l'occasion de voir une des plus belles créatures de l'histoire du cinéma.
Alligator
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le 30 mars 2013

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