Sixième long-métrage de Florent Emilio Siri (crédité Florent Siri pour l’occasion) et remake réactualisé de La Cuisine au beurre de Gilles Grangier, Pension complète est un ersatz de comédie franchouillarde, soumise aux affres de la ringardise et de l’inanité. Le film narre l'histoire de Charlotte (Pascale Arbillot) et François (Frank Dubosc), qui dirigent un hôtel-restaurant gastronomique au bord de la mer. La relation du couple est sclérosée par une incompréhension mutuelle : François désire que l’établissement obtienne une première étoile au Guide Michelin tandis que son épouse souhaite établir une vie de famille. La situation ne fera qu’empirer lorsque l’ex-mari de Charlotte, Alex (Gérard Lanvin), que tout le monde donnait pour mort, refera son apparition. Les deux hommes, aux caractères en apparence opposés, se livreront dès lors une bataille acharnée… le premier pour garder sa moitié, le second pour la reconquérir…


Estampillé « comédie irrésistible de cette fin d’année », Pension complète est un film d’une tristesse absolue. Pâtissant d’une trame dramatique aussi pataude que prévisible, meurtri par une palanquée de gags rances, et servant sans honte une morale d’un autre âge, le dernier long-métrage de Florent Emilio Siri affiche les stigmates du mépris nauséabond que porte une partie de la production cinématographique française à l’égard des spectateurs… Seulement, il ne suffit pas de déterrer une oeuvre profondément ancrée dans son époque (La Cuisine au beurre était porté par Bourvil et Fernandel), d’employer un duo d’acteurs auréolé du succès financier de Camping et d’user, encore et toujours, des mêmes artifices humoristiques pour prétendre livrer à la plèbe une comédie populaire. Pension complète n’a bénéficié d’aucune couverture médiatique probante (à l’exception d’une exposition télévisuelle cordialement octroyée par ses distributeurs) et sort un 30 décembre pour justifier maladroitement ses percées dérisoires au box-office… Le projet n’est parvenu - et ne parviendra - à convaincre personne, ni ses producteurs, ni ses acteurs, et encore moins son réalisateur.


Florent Emilio Siri entame l’une des régressions les plus douloureuses jamais offertes à un cinéaste français. Le réalisateur des impressionnants Nid de Guêpes, L’ennemi intime et Cloclo, qui brillait (jadis ?) par la virtuosité et l’éloquence de sa mise en scène livre ici un film cruellement désincarné, dénué de la moindre prétention artistique et tenant à peine sur ses jambes. D’aucuns reconnaîtront peut-être la marque d’un cynisme douloureux, nourri par un système coupant bien trop souvent les ailes de cinéastes aussi talentueux qu’ambitieux, obligés de se vendre pour payer, comme tout un chacun, leur loyer. Et ce ne sont sûrement pas les quelques vannes pseudo-réac’ livrées par un Frank Dubosc mono-expressif et par un Gérard Lanvin plus fade que jamais qui parviendront à vous faire oublier la violence de ce constat. Du reste, la prestation d’une Pascale Arbillot érigée en parangon de la potiche achèvera de vous précipiter dans l’abîme du désespoir…


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MDCXCVII
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le 3 janv. 2016

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