Quand un très grand cinéaste français classique s’immisce dans l’univers du film-noir américain avec toujours ce sens inouï de la perfection de la mise en scène, cette utilisation merveilleuse de la lumière et des tons, et cette direction d’acteurs – v’là la distribution ! - des plus raffinée, cela donne une grande œuvre boursoufflée et intemporelle sur l’univers des bandits romantiques. Une peinture romanesque et désincarnée donnant tout son sens au terme volupté.


Gabin, encore jeune et dont les traits ne donnent pas encore à son visage cet aspect de patriarche imposé, incarne le Pépé en question, gangster gominé aux yeux de velours qui fait chavirer les cœurs des donzelles. Il y est déjà charismatique et s’impose d’emblée dans cette figure de style de chef de gang, romantique et mystique.


En chantre de la mise en scène stylisée, Duvivier réussit quelques accroches d’une toute beauté avec quelques idées absolument géniales, je pense notamment à la scène d’exécution du traître Régis, interprété par Fernand Charpin, qui est un modèle de construction et de novation.


Chez Duvivier on pousse souvent la chansonnette, et qui mieux qu’un Gabin jeune et voluptueux peut retourner, le cœur des femmes d’une casbah aux impasses étroites, quand il entonne une sérénade… cela donne quelques moments de grâce absolue hors contexte qui donne à ce grand film des allures de fable romantique et tragique. Scarface aux pays de mille et une nuits.


Quant à ses héroïnes, de la mondaine et fatale Mireille Balin, beauté sculpturale aux yeux de biches, dont Pépé tombe amoureux, à l’Inès éprise, émouvante et romantique Line Noro, qu’il laisse maladroitement à l’abandon, elles incarnent la perfection au féminin.

philippequevillart
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Jean Gabin et Les meilleurs films de Julien Duvivier

Créée

le 6 mars 2019

Critique lue 187 fois

3 j'aime

6 commentaires

Critique lue 187 fois

3
6

D'autres avis sur Pépé le Moko

Pépé le Moko
JimAriz
7

Critique de Pépé le Moko par JimAriz

Avec son décor exotique, un Jean Gabin voleur mais héroïque, Julien Duvivier nous offre un bon film précurseur du film noir à la française. Le décor exotiques étant celui de l'Algérie. Pas de...

le 1 avr. 2012

11 j'aime

5

Pépé le Moko
greenwich
7

Pépé le moko (1936)

Le film se déroule dans la casbah d'Alger très bien reconstituée. C'est un labyrinthe dont on ne sort pas. C'est une zone que la police ne contrôle pas, les rares descentes qu'elle y effectue se...

le 3 mai 2014

8 j'aime

5

Pépé le Moko
estonius
10

Une interprétation efficace, de bonnes répliques, des personnages haut en couleur, un grand film !

Si le pitch est relativement simple, un caïd planqué dans la casbah d'Alger qui se fait piéger par la police suite à un coup de foudre et ses complications... mais la réalisation est bluffante avec...

le 5 déc. 2018

5 j'aime

Du même critique

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

18 j'aime

2