Entre ceux qui ont toujours quelque chose à dire sur tout – et surtout sur rien – et ceux qui croient avoir tout dit en n’ayant rien vécu – et donné au moins autant – il y a Uwe Boll et ses disciples, salariés de l’école du cinéma inutile. Pierre Morel y dispense régulièrement des cours, lui qui cherche à faire pire que Besson, mais comme son mentor à singer les Américains, et qui depuis Taken a surtout réussi à polluer la télé, tout en gardant l’œil sur ce qui marche au ciné. Quand on ne sait rien faire et qu’on n’a pas d’idée – mais qu’on veut quand même exister – on ne peut guère que répéter ou refaire, et se dire que décalquer John Wick passera bien pour une originalité. Car on s’adresse à la filière STMG du public – qui a l’habitude de prendre ce qu’on lui donne – et on ne va tout de même pas revoir ses leçons pour elle, mais dicter la même que l’année dernière en remplaçant Keanu par Jennifer.


Le film-concept sur le problème de l’originalité à Hollywood – qui en serait à la fois l’illustration et la démonstration – n’est pas encore fait, même si Morel avait tous les atouts pour, et déjà cette manie de trembler quand il passe à l’action. Car le propos est moins daté que douteux – et revient à un schéma double et simple, en cherchant à la fois à atteindre un gros body count et à justifier la violence qui le permet. Ainsi donc, une mère de famille se meut en tueuse de talent – même capable de se raccommoder avec agrafe et scotch – mais tout dit qu’elle en a le droit sinon le devoir, de la parodie de procès au soutien populaire en passant par une séquence intermédiaire qui est parmi les moins violentes et les plus inquiétantes – quand Jennifer recadre un alcoolo par la menace sans rien chercher à comprendre. Ange déchu, exterminateur ou gardien – c’est selon – l’héroïne avance dans le film comme un mort-vivant, en annulant et remplaçant toute réflexion ou solution par le meurtre, sous les auspices de la trinité formée par Atomic blonde et Kill Bill avec Death wish, et n’aboutit qu’au seul résultat qui semble compter : 43 morts pour 102 minutes.


Pour public averti (et qui a abandonné l’idée de voir du ciné au ciné) : Peppermint (2018) de Pierre Morel (demi-frère de Louis Leterrier, dont le papa est aussi Besson et les films aussi mauvais), avec Jennifer Garner (qui a visiblement suivi le cursus Cruise ou qui cherche à faire comme Vikander dans Tomb raider, en misant sur la préparation physique alors qu’elle avait tenté une autre voie avec Juno) et John Ortiz (la dernière fois qu’il ne nous avait pas marqués, c’était dans cet AVP Requiem au nom si bien choisi)


Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure

Adelme
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le 12 sept. 2018

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