Perfect Blue
7.8
Perfect Blue

Long-métrage d'animation de Satoshi Kon (1997)

Légers spoils dans la critique. Je ne comprends pas l'enthousiasme autour de Perfect Blue. La première chose qui saute aux yeux, c'est cette animation et ce chara-design bas de gamme, en totale inadéquation avec l'affiche du film, sublime et qui suffit à elle seule à donner envie de se lancer dans l'aventure. Ce nez en retroussette infâme... Cette laideur générale qui émane des personnages... Seuls les plans de paysages urbains et certains de Mima sont graciés.

Sur le fond, le concept est intéressant et relativement bien mis en scène. Je pense notamment à l'enchainement des multiples scènes pendant lesquelles la frontière entre rêve et réalité devient confuse. Les parallèles sont multiples et s'entremêlent : Rêve ou réalité ? Prestation d'acteur ou non ? Scène de film ou scène réelle ? Un questionnement qui commence dès la première séquence du film, film dans le film. Tous ces antagonismes contribuent finalement à donner à Perfect Blue ce caractère déboussolant très réussi, et qui ne cessera de s'accentuer au fur et à mesure comme témoignant du glissement de l'héroïne dans cette folie sinistre.

Dérangeant à fortiori, de par le contenu de certaines séquences à savoir principalement un viol, et certaines scènes de meurtre bien poivrées. J'avoue avoir été un peu retourné par la scène de viol, et même irrité. Cette scène m'a donné la nausée, sincèrement. On y voit l'héroïne abusée, seins nus, en train de hurler son impuissance et encerclée par un groupe d'hommes grossièrement dessinés et dont l'unique trait décelable est la bestialité la plus terrible. Et là, cette désagréable sensation d'un manque de finesse, d'assister à une scène un peu trop racoleuse et presque volontairement voyeuse.
J'ai conscience du fait que c'était l'intention de Satoshi Kon de déranger le spectateur dans cette scène, de le pousser à se questionner lui-même sur les frontières entre comédie et réalité (car c'est bien à ce moment que la confusion est la plus totale). Mais avec une animation aussi moyenne et cette espèce de vulgarité que j'ai pris dans la face, ça m'a irrité en plus de me déranger.

Hélas aussi, beaucoup d'éléments sont caricaturaux, je pense surtout au groupe de J-pop de Mima, d'une nullité inouïe. Je ne peux m'empêcher aussi d'évoquer la pauvreté de ce final, expédié comme une lettre à la poste, ainsi que le manque de profondeur de la quasi-totalité des personnages.

A côté de ça, effectivement, Perfect Blue est parsemé d'excellentes idées, mais pour moi accompagnées de ce côté balourd et grossier qui lui empêche de réellement briller.
Endless_
6
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le 3 mars 2014

Critique lue 273 fois

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