Ah. Putain.


C'est le genre de film où tout l'effet se fait dans le premier visionnage. J'ai peur d'être déçue (de ne pas revivre les mêmes trucs) la prochaine fois que je le verrai. Parce que je suis tombée. Dedans.


C'est fort. Le scénario est bien construit et naturel, ça nous touche direct. Pendant un quart de seconde, j'ai été déçue que ça se finisse comme ça, et puis après, ça m'a paru clair, c'était la fin parfaite.
L'histoire d'amour est plutôt belle, mais ce n'est que la façade du film. C'est l'habillement, c'est pour nous faire prendre conscience au maximum de ce que représenterait une telle catastrophe. Oui, "au maximum", car quand on aime, d'amour passionnel, n'est-ce pas la chose la plus puissante de l'instant présent ? Quelque chose nous paraissant si immuable et si absolu ? Eh bien cette maladie met cela en péril. Violemment. Ce fléau a la capacité de détruire ce qui nous semble immortel...
Mais si cette "façade" n'avait pas été juste, pas bien jouée, l'impact n'aurait pas été le même sur ma petite âme, j'en suis certaine. Donc, ouf. Merci Eva, Ewan.


Un film pas très long donc, mais poignant. Un de mes seuls regrets est qu'on voie si peu de ces choses qui font de notre existence une chance, un bonheur, une jouissance. Tous ces petits détails qui me paraissent si importants, qu'on vit, qu'on apprécie, et puis qu'on oublie si vite, pour être encore plus heureux de les retrouver ensuite. N'importe quoi, à titre personnel, il y a bien trop peu de séquences là-dessus.


Et là justement, c'est cette fin, toutes ces choses... qu'on ne vivra plus. Ne sentira plus, ne goûtera plus, n'entendra plus, ne verra plus... ne touchera plus. Un fondant au chocolat, "Hymn to the Fallen" (pas trop le truc à écouter juste après ce film, mais que voulez-vous, ma mélancolie est intarissable), un coucher de soleil, le sourire de mon frère, le regard de ma soeur, "Ce matin-là", une caresse, l'odeur de l'herbe tout juste coupée..., etc.
Comment pourrais-je vivre sans une de ces "choses" ? Moi ? Handicapée. Mais alors les enlever toutes...?!
C'est diabolique. C'est un scénario. C'est une idée. Simple, mais tellement efficace.
Et la façon de rajouter un sentiment avant chaque perte de sens, c'est habile, ça traumatise encore plus. La haine, puis le bonheur. Logique, émouvant.


Dans le film, tout va tellement vite, c'est peut-être une chance. Je crois que moi je mourrais de désespoir au bout d'un deuxième sens en moins.
Ah je le savais que j'étais sensible.


Mais le pire, le pire c'est de SAVOIR. De savoir que tu vas tout perdre, tous tes sens, et donc tout. Eh bah oui. Parce que les souvenirs, on ne les fait pas revivre. C'est La Fin. Et alors, c'est noir. Tellement noir. Et t'es seul, tellement seul.
Seul.


Ce film, c'est "Allez vivre un peu".


Là maintenant, je ne m'apitoie pas sur le sort des sourds, des paralysés, des aveugles, non (ça viendra plus tard), je pense juste à... la mort, je crois. On vit des trucs de dingue, pour disparaître (désoléejesuispasàfonddansl'idéepetitparadisbienau chaudaveclafamillelescoupainsetréincarnationouaisouaisyoupitropchouette) d'un coup. Parce qu'on vit des choses si fortes, et qu'en fait on est tellement rien. Là on en prend conscience. Parce qu'un jour, ce sera noir. Ouais, d'un coup, tout sera oublié, on ne sera juste plu



-



Je l'ai revu. Un an plus tard.
Déçue ? Eh bien, à vrai dire, je me demande plutôt pourquoi je ne lui avais pas mis 10.
Je me tâte.
Je vais encore patienter une petite année, je crois.

Hesperis
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le 22 août 2014

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Hespéris

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