"Time never waits. It delivers all equally to the same end."

A titre liminaire, je pense qu’il est bon de préciser que je suis fan de la série des Personas. A fortiori le troisième opus, mon premier contact avec celle-ci. Outre le fait qu’il s’agisse de J-RPG de qualité, avec des systèmes originaux, j’ai toujours apprécié l’énorme character development des personnages, le scénario accrocheur, ainsi que l’esthétique, la recherche artistique et l’intelligence de ces jeux, derrière le volet ludique.


Ma principale crainte en abordant ce premier film de la tétralogie, était bien entendu que l’adaptation cinématographique, bien qu’animée, ne soit pas à la hauteur. Me voilà quelque peu rassuré. En toute honnêteté, il est encore bien trop tôt au regard de l’avancée de la trame pour être vraiment fixé, tellement le jeu monte en puissance au fil de sa progression. Cela dit, il y a des éléments prometteurs (et considérée indépendamment dudit jeu, Spring of Birth est une œuvre encore plus réussie).


Le premier d’entre eux réside dans la qualité visuelle du film. L’animation per se est convenable pour ce qui est attendu d'un long-métrage. Si elle ne casse pas des briques à certains moments, elle reste décente, et s’améliore comme il se doit durant les scènes d’action, ce qui correspond à mon avis à une gestion judicieuse du budget. Mais surtout, la photographie et la direction artistique offrent une image haut de gamme, faisant honneur à l’esthétique originale de Shigenori Soejima. Si vous connaissez Madoka Magica, j’ai toujours pensé que SHAFT, studio en étant à l’origine, aurait été parfait pour adapter Persona 3. Et bien à mon avis, ce n’est pas trop éloigné de ce qu’une telle association aurait pu produire.


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En ce qui concerne l’aspect musical, il s’agit ni plus ni moins des OST du jeu, agrémentés de nouveaux thèmes tout aussi réussis par Shōji Meguro, ou de certaines variations des musiques originales. Hormis la coupure de "Poem for Everyone's Soul" avant sa meilleure partie (espérons qu’il soit entier lors du final), il n’y a donc rien à reprocher, bien au contraire.


Rentrons maintenant dans le vif du sujet, à savoir le fond. La première remarque, c’est qu’il s’agit d’une adaptation très fidèle du jeu au niveau de la trame principale, à l’exception d’un ou deux aménagements. Nous pouvons même parfois retrouver le calendrier, situant les évènements dans le temps. C’est donc un point très positif, qui malheureusement possède un inconvénient : pour tout caser, la narration avance plutôt vite. Durant la plupart du film, le pas est pressé. Heureusement, ce n’est pas bâclé pour autant.


La principale conséquence, c’est qu’il n’y a pas de place pour ce qui ne concerne pas les protagonistes, soit un grand nombre de S-Links. Bien entendu, certains personnages secondaires sont présents, mais leurs histoires ne seront donc probablement guère développées dans les films. Ce qui est bien dommage, certains étant très beaux, comiques, voire grandioses, comme celui d’Akinari centré sur la Mort.


L'autre conséquence notable, corolaire direct de la durée limitée du film, est qu'il ne développe pas aussi bien l'univers, la trame et les personnages que son matériel source. Toutefois, avec un regard objectif, si Spring of Birth avait été une création originale, il serait sûrement louable pour l'ensemble de ces éléments, et la créativité dont il aurait fait preuve. En tant qu’œuvre propre ou indépendante, il s'agit donc d'un film de qualité, cette dernière n'étant relativisée que par rapport au jeu.


De plus, et c’est là que réside une grande partie de mes espérances futures : outre le gros du scénario à venir, la réalisation semble avoir gardé à l’esprit que la Mort constituera le thème central de Persona 3. Que ce soit le texte d’introduction, les premières images, l’apparition furtive de Thanatos au lieu d’Orpheus, et certaines répliques, de nombreux éléments laissent à penser qu’ils veulent restituer ce pilier de la substance du jeu original. Dans la même veine, si les S-Links ne sont pas exploités, l’esprit sous-tendant leur concept apparaît aussi comme préservé à la fin du film. Il se cantonne juste aux liens entre le héros et les autres protagonistes, mais le staff garde sûrement en tête la citation de The Answer, "Strength of heart, when united is barred by no door".


Le héros justement, renommé Yuki Makoto, bénéficie donc d’une réelle personnalité et d’une évolution, là où il était confondu avec le joueur au sein du jeu. Il s’avère tout à fait conforme à l’image que je pouvais me faire de lui, et le casting d’Akira Ishida me semble opportun pour restituer tant la nonchalance que l’arrogance pouvant émaner du personnage, mais aussi son dévouement. A l’instar du jeu, il n’est d’ailleurs que peu loquace, a fortiori au début. Nous retrouvons sinon les seiyuus originaux, ce dont nous ne pouvons que nous réjouir.


Enfin, l’ambiance étant un autre point majeur de Persona 3, il m’est difficile de ne pas rebondir dessus. En tant que joueur, et connaissant les tenants et aboutissants de la trame, je n’ai pu regarder qu’avec le regard plus extérieur du fan, qui profite avec plaisir et nostalgie d’un walkthrough épuré. Du fait de la durée réduite du médium, et de ce que ça implique, je doute qu’un "néophyte" puisse être autant immergé qu’en découvrant le jeu. En revanche, je pense que tous les ingrédients sont présents dans le film pour qu’il puisse être intrigué et souhaiter découvrir la suite. Tout le reste dépendra des films suivants.


En conclusion, je pense que Spring of Birth est un bon film d’introduction, s’efforçant avec un certain succès de poser les bases avant que tout ne décolle, et de respecter les qualités du jeu. Nous pouvons raisonnablement espérer que les questions existentielles portées par Aigis seront restituées au sein des films, de même que les interactions importantes entre protagonistes, et tous les développements psycho-philosophiques inhérents aux derniers mois de l’aventure. Je ne perds pas la foi de pouvoir mettre 9 à l’ultime volet !

Phaedren
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le 23 mai 2014

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