Dans notre République Française, un quart des paysans connaît une situation de pauvreté extrême, face à une grande précarité économique, une politique agricole européenne absurde, des revenus ridicules sous les pressions des grands intermédiaires et des normes ubuesques. Pour ces raisons, Petit Paysan est un film sain, à l'ambition généreuse, et au message on ne peut plus clair. Mettre au dessous de la moyenne à un tel film ne serait pas correct et même immonde aux vues des conditions de travail des agriculteurs qui n'ont que très peu de films pour faire valoir leurs difficultés, alors même que c'est dans cette catégorie socio-professionnelle que le taux de suicide est le plus élevé. Peu de films existent pour la défense des "paysans", ces "laboratores", et il serait contre-productif d'en défoncer un malgré ses très nombreux défauts. Ce film raconte l'histoire d'un éleveur de trente ans, qui découvre dans son troupeau de vaches les signes d'une épidémie qui fait des ravages en Europe, et qui force l'Union Européenne à exterminer des cheptels entiers de bétail, contre des indemnisations fantômes et une absence d'encadrement postérieur. Pierre, paniqué, va tenter de dissimuler cette épidémie, en tuant et volant des vaches, sans grand succès, et tentera alors de s'en sortir avec les moyens du bord, en contact avec sa sœur vétérinaire, le personnel agricole, ses parents, ses amis, la bureaucratie, les gendarmes et finalement ses vaches.
Le film a une grande ambition : montrer l'inhumanité de la vie du paysan. Ainsi, pour cela, tous les moyens sont bons : une musique misérabiliste, un célibat frustré, des parents envahissants, des amis beaufs paysans célibataires comme lui, une tête d'abruti consanguin alcoolisé sans effusions de quelconque sentiment, la théorie du complot qui, c'est bien connu, serait omniprésente dans le monde paysan et puis un rapport d'amour quasi paternel avec ses bonnes petites vaches. Si tous ces problèmes existent bels et bien, le film ne parvient malheureusement pas à passer l'épreuve de la réalité, tant cette dernière semble aseptisée, et disons-le, hors sol. Les acteurs ne sont pas crédibles une seule seconde, jouent tous sur un ton monocorde, sans nuance, sans subtilité et sans profondeur. Le décor agricole est fait de carton pâte. La société et les valeurs paysannes sont passées à la trappe, au profit d'une prétendue critique sociale qui ne transparaît même pas à l'écran, et parviendrait même à faire croire à l'esprit le plus retors que ce n'est qu'une paranoïa paysanne que de penser que l'Union Européenne a une politique contraire à ses intérêts. Le film n'a en fait aucune âme, et même s'il serait injuste de dire qu'il est inutile, le spectateur se demande si en France le sujet de l'agriculture pourrait enfin être traité, tout en étant compris, réellement.