Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s'organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l'exploitation. Alors que les premiers cas d'une épidémie se déclarent en France, la paranoïa de Pierre se transformera bientôt en réalité lorsqu'il découvrira que le virus a élu domicile dans sa propre ferme. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Petit Paysan d'Hubert Charuel, qui sait de quoi il parle, s'il est aussi un film sur l'impuissance des agriculteurs face aux maladies infectueuses qui vident leurs étables, est aussi un film sur la solitude. Entouré d'une mère possessive, d'un père présent physiquement, Pierre (Swann Arlaud), ne trouve d'attachement qu'auprès de sa sœur, Pascale (Sara Giraudeau). Ses '' amis '' et la boulangère ne semblent pas pouvoir rentrer dans son univers. Pour Pierre, il n'y a que ces vaches qui envahissent d'ailleurs son appartement à plusieurs reprises.

Le jeu d'acteur, spécifiquement celui de Swann Arlaud, est excellent et semble avoir travaillé à la ferme et lié une amitié avec les vaches depuis toujours. La mise en scène reste globalement classique mais efficace en ce qui concerne les gros plans voir inserts tant bien sur les hommes que sur les vaches. Le film démarre teinté de soleil mais s'assombrit de plus en plus reflétant la descente aux enfers de Pierre face à son destin celui de ses bovins et le lourd poids de son héritage. L'effet dramatique prend le spectateur et l'embarque dans l'aventure désagréable les yeux écarquillés très vite. Comme dit H. Charuel dans sa note d'intention : '' Les paysans sont des extrémistes, ils se taisent, offrent en silence mais leurs implosions ou explosions sont toujours spectaculaires. ''

Chaque élément du film permet d'accroître la tension comme le bruit régulier des trayeuses électriques qui fonctionnent presque comme une bande originale d'un étau qui se referme autour du paysan et nous prend aux tripes. A mesure que le cadrage l'enferme, Pierre oppose au désespoir des actes de violences croissants, auxquels le spectateur se voit obligé d'adhérer. Le film rend très rapidement compte de l'inéluctable évidence.

CinEmma
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le 10 déc. 2019

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