Lauréat de 3 Césars du cinéma (meilleur premier film, meilleur acteur et meilleure actrice dans un second rôle), Petit Paysan met en scène la vie d'un éleveur faisant face au FHD (une maladie fictive) qui touche les élevages de vaches laitières, et cherchant à endiguer la maladie, de crainte que des décisions radicales soient prises, par mesure de précaution sanitaire.
Hubert Charuel, réalisateur du film, est issu d'une famille de producteurs laitiers, et ça se voit. C'est la principale grosse qualité du film : il dépeint avec sincérité la situation des producteurs laitiers, dans des décors réels, des conditions réelles. La maladie fait évidemment écho à l'épidémie de vache folle qui a eu lieu dans les années 90, et que Hubert Charuel a vécu directement.
Le film se veut volontairement choquant, avec un ton assez rude et des traits parfois grossis. L'éleveur vit tardivement chez des parents particulièrement inquisiteurs et obstinés, il n'est pas marié, ne vit absolument que pour son troupeau. Bien qu'il soit assez stéréotypé, il faut bien comprendre qu'il y a du vrai là-dedans.
Il entretien avec son troupeau un amour quasi-paternel, et peut-être que les citadins trouvent cela absurde. Mais la vie de paysan est vraiment particulière, et le lien avec l'animal peut être fort. Ce lien-là, il n'est pas exagéré dans le film : il est particulièrement bien transcrit.
En plus de nous apprendre ce qu'est intrinsèquement le métier d'éleveur, Petit Paysan se veut aussi dénonciateur des conditions de vie des agriculteurs. Ça y va à coups de journées continues, d'indemnités non perçues, de vie sociale inexistante, et surtout de peur constante. Petit Paysan revendique le réalisme de ce qu'il dépeint : ce n'est pas pour rien qu'il s'agit du corps de métier avec le taux de suicides le plus élevé.
Petit Paysan donne un aperçu de ce que nous perdons de plus en plus : nos petits producteurs locaux, et l'amour qu'ils portent à leur bétail, délaissés pour un monde toujours plus froid et industrialisé. Les cris des vaches résonnent alors comme un cri d'adieu à une profession qui se meurt...