Possessions
La grande couture est une affaire d’orfèvrerie, un art délicat qui demande une minutie, un calme, un silence monacal. C’est dans cette vie-là, au côté de sa sœur Cyril, que Reynolds Woodcock a décidé...
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le 15 févr. 2018
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Tout est minutieux, pareil à un fil perçant de manière régulière un tissu, tout est soigné, rectiligne, sans gestes précipités ni maladroits.
La vie précise, réglée, frôlant même les TOC, d'un grand couturier, qui aime uniquement le bruissement des étoffes, le son des voix qui ne s'élèvent jamais. Reynolds Woodcock vit dans une belle et précieuse demeure londonienne avec sa sœur et son alter-ego Cyril.
Et voici qu'entre une jeune femme aux formes selon l'esthétique du couturier psycho-rigide, maladroite, passive, observatrice, se pliant aux desiderata du couple dirigeant la célèbre maison Woodcock.
Lentement, la belle et délicate "horlogerie" va insidieusement se dérégler car Reynolds tombe sous le charme de cette campagnarde, la diaphane Alma, rencontrée lors d'une de ses escapades échevelées au volant de sa voiture de sport, dans la campagne anglaise.
Face à Daniel Day-Lewis, vampire génial éteignant régulièrement ses collègues, se dresse la belle Vicky Krieps, que je ne connaissais pas. Le choix de Paul Thomas Anderson est parfait, car elle tient tête et égal en talent l'acteur, tout comme la fière et intuitive Lesley Manville d'ailleurs !
Un 7, car il y a quelques longueurs.
Ou plutôt non, quelques langueurs, rappelant la lenteur aristocratique des clientes du couturier.
Selon moi, le film aurait peut-être été plus percutant dans la montée de l'insupportable tension en étant un tantinet plus court.
L'image est magnifique : Nous baignons dans le chatoiement des tissus, la lumière blanche et pure de la maison de Londres, nous nous enveloppons avec les femmes dans des robes qui leur donnent un corps, une âme, une vie, un titre, des armoiries.
Un rythme si hypnotique qu'il rend la conduite folle de Reynolds/Daniel dans sa voiture dérangeante.
Un sacré tour de force, car nous entrons littéralement dans la psyché du couturier, nous adoptons ses tics, jusqu'à ne pas voir (ou même désirer voir) ce qui va arriver, inéluctablement.
Un bel habit, seyant si l'on veut bien s'apaiser face à ce tempo velouté mais mortifère...
Un voyage onirique au pays du luxe calme et voluptueux.
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Créée
le 12 mars 2018
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