Picnic
7.2
Picnic

Film de Shunji Iwai (1996)

Une approche douce et belle de la folie qui change de celle qui se veut être un repoussoir. Ici, les personnages ne sont pas vraiment à plaindre, n'effrayent pas, ils sont tout simplement attachants malgré la noirceur qui peut les habiter.

Leur innocence les mène à croire à la fin du monde sur un malentendu. Ce n'est pas quelque chose qu'ils craignent, bizarrement, l'évènement au contraire semble les rassurer. Parcourant et découvrant le monde du haut de leur muret, ils s'évadent d'un asile caractérisé par la répression et cherchent le meilleur endroit pour y assister. Comme de grands enfants, on les voit organiser un pique-nique sans nourriture, croire en Dieu parce que cela les arrange, sur un coup de tête.

Coco, la femme-corbeau interprétée par la chanteuse Chara est d'une grande justesse. On croit à ce petit bout de femme ballotté par la vie vêtu de noir des pieds à la tête. Avec sa voix ténue un peu éraillée qui m'évoque celle de You de Still Walking ou Nobody Knows, un peu éloignée des canons japonais habituels, elle attendrit, surtout quand elle entonne à plusieurs reprises un hymne religieux. Elle semble douce dans sa violence et arrive à conserver son identité par son intransigeance même après son internement. Elle arrive aussi à conserver une bonne image de ses parents même si pour tout le monde ils l'ont abandonnée. Coco a donc malgré tout une propension à aimer même si ses haines peuvent être violentes.
Tadanobu Asano, non plus ne gâche rien. Ainsi le casting est de choix. C'est un angoissé qui cherche le répit après avoir été constamment harcelé par un professeur durant toute sa scolarité. Un jour il a pété les plombs... Mais ce jour-là revient quand même le hanter sous les traits d'une marionnette informe et grotesque. Comme Coco, il a des choses à se faire pardonner.

Un film qui dure presqu'une heure, cela peut paraître bien court. Mais non. Shunji Iwai arrive tout de même à camper ses personnages dans le temps imparti. Picnic est un film à l'atmosphère douce-amère agréable et un sublime moment de poésie autour de trois individus qui se questionnent sur la vie, la mort, l'enfer, la rédemption, l'existence de Dieu. Trois anges, qui sait ?
Sassie
9
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le 13 juin 2011

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