Apparemment, Piégé se propose de traiter de l'angoisse d'un homme contraint de demeurer debout en plein désert, le pied sur une mine. On ressent l'imminence du danger de manière assez réaliste, mais les réactions du soldat en question sont trop ténues et donc peu crédibles. Une telle maitrise de soi freine forcément l'empathie... Par ailleurs, la nature des ennemis n'est qu'effleurée, ce qui empêche de bien se figurer l'horreur de se savoir avec une épée de Damoclès au dessus du pied, en l'occurence. On comprend bien que le désert aggrave les choses, mais là encore, c'est un thème qui n'est que survolé.
Côté trame, c'est franchement ennuyeux. Ca manque cruellement de péripéties et d'interactions et le personnage de Denis Quillard est bien trop stoïque face à la situation. C'est très difficile d'avoir de l'empathie pour un être qui fait fi d'une balle dans le bras, de la déshydratation et d'une tempête de sable. Pourtant, le personnage n'est pas badass comme dans certains films de guerre incohérents et politisés, et le cadre reste crédible. Mais j'ai pour ma part ressenti un manque de personnages : la blonde du camion est purement inutile, le gamin de passage n'a qu'un impact superficiel et le soldat vénal du début meurt trop rapidement. Il est vrai qu'on attend bien vite la fin, ou du moins un événement un tant soit peu palpitant... Mais non, on n'aura droit qu'à une fin frustrante et en queue de poisson.
Pour ce qui est du style, il est plutôt sobre, pas de quoi casser 4 pattes à un canard, mais rien de dérangeant non plus. L'aspect statique du film tend quand même à nous donner la bougeotte et les plans portraits de Denis deviennent vite gonflants car il n'amènent rien à la trame, pas même de l'émotion. Disons que c'est un film correct, qui fait professionnel mais n'a rien d'artistique.