Pierrot le Fou par OrCrawn

Pierrot le fou m'a énervé et enchanté, m'a fait rêvé et m'a fait bailler. J'ai trouvé son écriture brillante parfois, pompeuse souvent, inégale en somme.

Tout le monde ne truffe pas son film de citation et de lecture, tout le monde n'interromps pas la fuite en avant d'un couple de criminel pour se dire « Non, en fait, Ferdinand-Pierrot, c'est un écrivain alors il va noircir des carnets » ; dans le cinéma de cette époque c'est un pied de nez aux codes et à la création.

Je trouve qu'il en ressort deux choses.

La première c'est qu'il souffle sur l'œuvre un sentiment d'audace et de liberté, la possibilité de faire entrer des personnages inutiles pour rejeter les trames, de faire parler des tableaux, de jouer avec les couleurs, de briser le 4ème mur… Il n'est d'ailleurs pas étonnant que certains de ses procédés ait été récupéré par d'autres réalisateurs postérieurs. L'avis est biaisé car chargé d'un contexte historique.

La deuxième c'est qu'il est élitiste avec ses références et dans son écriture. J'ai l'impression que Godard souhaite changer la position d'un spectateur : non plus un récepteur passif, mais un récepteur actif qui cherche à déchiffrer l'œuvre devant ses yeux.
En cela je pense que Godard se trompe. Là où Tarkovski me disait dans ses films « Laisse moi t'apprendre ma langue », Godard me dit « Si tu ne me comprends pas, c'est parce que tu ne fais pas d'efforts ». En cela, Pierrot le fou peut sembler difficile d'accès.