Pierrot le Fou par Alligator

Une relecture a atténué mon ivresse des premiers instants à l'heure adolescente où j'ai découvert cette joyeuse pépite de film. J'ai encore apprécié le jeu sur les couleurs lors de la sordide soirée bourgeoise, sur la route dans la nuit, des couleurs artificielles, presque ridicules. J'ai aimé le contraste saisissant avec les couleurs de la nature et la beauté des paysages, des cadrages tout cela aussi libre que les amoureux des premiers moments.

C'est le manque de tenue ou de linéarité du scénario sur quelques moments qui me gêne maintenant ou pour être plus exact deux ou trois scènes sans sens, sans finesse, insérée comme des scketchs.
Notamment la grossiereté de la scénette devant les américains qui manque fondamentalement de délicatesse ou d'intelligence, trop lourde, ou encore l'imitation de michel Simon qui semble avoir été improvisée... et surjouée, mais c'est surtout le scketch de Devos par lui même savoureux mais qui n'a rien à voir avec l'histoire et qui sort du récit. Qui n'a pas d'enjeu. C'est un autre film. On sort.
De même avec les chansons qui paraissent se foutre de la gueule ou rendre hommage je ne sais pas encore aux films de Demy.

Le jeu des deux comédiens est parfois limite, moyen. Comme un léger manque de complicité.

La photo, le mouvement des personnages et des caméras, les idées foisonnantes, centrales ou périphériques de Godard font par contre toujours mouche.
L'humour, les subtilités et les approches pompeuses sur l'art m'amusent, les dialogues sont souvent excellents.

Et l'histoire, qui me parle dans le creux de l'oreille encore et toujours. Marianne! Tu l'as bien mérité!

Un Godard encore digeste. Et de très belle facture.

Je ne me suis permis toutefois quelques pinailleries de fan.