Jouissance de la vie au milieu du chaos des idées

D'abord, on s'émerveille de redécouvrir "Pierrot le Fou", dans une version magnifiquement restaurée qui lui redonne la beauté solaire qui était la sienne, et lui confère une sensualité essentielle par rapport à son propos, la jouissance de la vie au milieu du chaos des idées. Comme à chaque fois, on adorera de la séquence finale, où Ferdinand s'entoure le visage avec de gigantesques explosifs - très BD ! -, un Raymond Devos hilarant récitant un monologue sur l'Amour, et, évidemment la scène très "situationniste" de la réception bourgeoise, où Godard se moque (déjà) de l'infiltration de la publicité et de ses codes dans le lien social. Tout au long de "Pierrot le Fou", Godard veut conscientiser le spectateur face à l’œuvre qu'il regarde ("Vous êtes devant un film") : si, quelques fois, nous "entrons" dans l'histoire, nous sommes rapidement ramenés à la réalité par Godard, pour qui la matière filmique est un jeu. Le cinéma n'est qu'une supercherie, mais de l'échange fécond entre le réalisateur et le spectateur naît le plaisir intellectuel. [Critique écrite en 2007]

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le 14 oct. 2014

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Eric BBYoda

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