Ce film, que j'ai vu lors du dernier Festival du film asiatique de Deauville, raconte l'histoire sordide d'un jeune dévoyé, doublé d'un tortionnaire, dont le cynisme ne semble pas avoir d'égal et qui, ayant été abandonné à la naissance par sa mère, se venge de tout ce qui bouge avec une cruauté insoutenable, car rien ne nous est épargné dans la malfaisance et l'horreur. Voici ce qu'un quotidien écrivait récemment à ce sujet :

"En primant Pietà du cinéaste coréen Kim Ki Duk, le jury de la 69e Mostra de Venise, présidé par Michael Mann, a choisi un lion d'or féroce, rugissant de douleur et de cruauté, sinistre comme notre époque. Le héros est un garçon sauvage, sans aucun lien ni sentiment humain, qui survit dans une banlieue de Séoul en mutilant sadiquement de pauvres gens, pour le compte d'escrocs aux assurances. Un jour apparaît dans sa vie une femme inconnue qui se prétend sa mère, dit se repentir de l'avoir abandonné enfant, et ne le quitte plus. Kim Ki Duk, que le spectacle de ce monde asservi à l'argent a profondément déprimé, dit s'être inspiré de la Pietà de Michel-Ange pour composer ce chemin de croix qui fait passer par des stations d'une violence inouïe. Faut-il vraiment ces scènes atroces pour réveiller les consciences du cynisme ambiant? On peut préférer Michel-Ange."

Ce qui est mon cas. Comment oser associer le chef-d'oeuvre de Michel-Ange plein de compassion et de tendresse à ce film brouillon, sinistre et cruel ? Tourné dans un quartier insalubre et voué à la démolition de Séoul, Pièta est une suite de scènes où la sauvagerie et la violence vous accablent dès la première image. Outrancière et lourdement appuyée, la démonstration d'une hypothétique rédemption ne parvient pas à convaincre et le réalisme brutal et sans concession est très vite insupportable. Cris, hurlements, mutilations, viol, rien ne nous est épargné pour nous conduire aux abysses de la délinquance et de la barbarie. Vengeance et dolorisme mènent une danse macabre. Eprouvant ! Jusqu'où ira ce genre de surenchère dans l'abomination et le cynisme ?
abarguillet
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le 10 avr. 2013

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