Pig
6.4
Pig

Film de Michael Sarnoski (2020)

La voilà la bonne surprise Cage.


Le pitch semblait annoncer un revenge movie, surtout avec Cage au casting. C'est sans doute là un bon coup stratégique de la part de l'auteur qui maintient le cap tout le long vers le revenge movie, et dans chacune des scènes où le personnage est censé péter un plomb et foutre des tatannes à tout le monde, BIM il part dans une autre direction. Ainsi, on se retrouve dans un fight club très bizarre où des cuistots font un emprunt en se laissant tabasser par d'autres cuistots vénères, on retrouve des hippies déphasés à qui on n'a qu'une envie, donner des claques, on se retrouve face à l'instigateur qui se révèle être une belle ordure au fur et à mesure du film... et dans toutes ces scènes, Cage se laisse tabasser, pose des questions sans plus ou pire... décide de cuisiner un superbe plat. C'est complétement fou. Mais c'est cohérent en fait. Et c'est même beau. Une ode à la non violence.


Mais aussi un film sur le deuil, de manière inattendue, car ce voyage sera l'occasion pour le personnage de remonter à la surface, de revivre un trauma pour mieux le dépasser, et surtout, d'apprendre à lâcher prise. C'est très bien écrit car si on nous avait expliqué ça dès le début, ça aurait été lourd, mais en faisant passer ça pour un revenge movie, le spectateur porte son attention sur des conflits externes assez classiques.


Est-ce pour autant un chef d'oeuvre ? Non, parce qu'il manque un peu de choses au niveau des personnages secondaires, et même au niveau de l'exploration de cet univers qui est bizarre, oui, mais peut-être pas assez bizarre (parce que bon, le clou, c'est ce fight club inexpliqué, mais on aurait aimé plus d'éléments de ce genre).


La mise en scène est franchement jolie : une photographie soignée, un découpage bien pensé, un montage adéquat, le tout avec quelques idées bien inspirées et complétées par une bande son discrète mais efficace. Et en plus de cela s'ajoute un excellent casting. Alex Wolf est chouette, mais discret en sidekick, il aura quand même droit à quelques scènes lui permettant de jouer la douleur subtilement. Puis y a Arkin qui est excellent dans ce rôle de père méprisant et méprisable. Et enfin, Cage, qui est juste magnifique en hermite. Dans chaque pas qu'il fait, on sent le poids des années mais aussi la tristesse qui l'accable. Et quand il sort ses petites phrases philosophiques, c'est toujours avec simplicité et panache. Où est le crazy cage que l'on attend dans chacun de ses films ? Dans sa prestation justement très appuyée de cet homme fatigué de vivre, pour moi il y a placé toute son énergie habituelle, et quand il s'exprime, même s'il est bad ass, il le fait avec assez de simplicité pour que son charisme de fou remonte tout seul, sans effort, sans jamais exagérer quoi que ce soit.


Cage a exprimé récemment le souhait de quitter définitivement Hollywood et se consacrer à du ciné indépendant. Cela n'exclut pas de le voir dans des séries B mal fichues comme il en fait si souvent, mais si ça permet de faire aussi d'autres films comme celui-ci, je suis preneur. Après, je doute qu'il ferme définitivement la porte à Hollywood, The Croods reste un bon filon pour lui par exemple. En tous cas, ce qui est sûr, c'est que le bougre est toujours capable de délivrer de très bonnes performances, et j'espère qu'il en fournira d'autres dans les dernières décennies de sa vie.


Bref, chouette petit drame.

Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 10 août 2021

Critique lue 3.9K fois

31 j'aime

2 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 3.9K fois

31
2

D'autres avis sur Pig

Pig
Sergent_Pepper
6

Deuil au monde

Un pitch improbable associé à Nicolas Cage ne surprend plus grand monde depuis bien des années : l’acteur fait dans la diversité la plus éclectique, et nombre de ses productions réservées au DTV ne...

le 6 nov. 2021

24 j'aime

2

Pig
Fêtons_le_cinéma
7

« Il n’y a plus rien pour vous ici »

Pig a l’intelligence et l’originalité d’aborder le deuil d’un père par le prisme du culinaire, mais d’un culinaire sale, terreux, poussiéreux, raccordé à la nature, à sa rigueur, à sa violence ; les...

le 4 août 2021

23 j'aime

2

Pig
MalevolentReviews
5

Copains comme cochons

Désormais à l'affût de la petite production au pitch dingue, Nicolas Cage nous entraîne cette fois-ci dans le premier film du dénommé Michael Sarnoski où une espèce d'ermite des bois cherche à...

le 17 juil. 2021

12 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55