Filmer un documentaire sur Pina Bausch, une chorégraphe allemande estampillée arty-intello, en 3D, ie. le medium qui est en train de transformer le cinéma popcorn en vaste blague/piège à cons depuis bientôt 2 ans, ça peut sonner comme une contradiction dans les termes. Et venant de Wim Wenders, forcément, ça surprend. En soi, l'audace du projet est séduisante. Pourtant, le résultat final est bourré de défauts.
En gros, il faudrait dégraisser le film de toutes les itw un peu bulshit à la "Pina m'a appris à accepter mon corps / c'était une chorégraphe exceptionnelle, bosseuse, mais avant tout humaine, yadayadz". La raison d'être du film, ce sont les scènes de danse, et rien d'autre. Ca tombe bien, il y en a beaucoup. Certaines sont filmées en salle, d'autres, filmées en extérieur à Wuppertal, la ville d'origine de Pina Bausch, sont absolument éblouissantes (notamment une scène dans le métro aérien est juste, wow).
Il en résulte une expérience assez surprenante: la cinématographie absolue de ces scènes est évidente, mais quand, en regardant le film, tu te poses plus de questions sur l'art de Pina Bausch, son rapport aux corps, aux interactions humaines et j'en passe, tu te dis que tu touches à quelque chose qu'une place de catégorie B à la Brooklyn Academy of Music en Corbeille rang N, numéro 102, ne te permettait pas tout à fait d'envisager ("on est loin quand-même, c'est quand l'entracte, j'ai envie d'une bière"). Et tu te dis que la 3D a *enfin* trouvé sa raison d'être.
Et que c'est en effet le plus bel hommage à rendre à une chorégraphe.