Pinocchio est un conte qui a marqué plusieurs générations grâce à ses nombreuses adaptations. Pour ma part, ce n'est pas tellement celle de Disney que j'ai en tête, mais plutôt le film américain de 1996 et la série animée japonaise des années 70 dont j'avais une VHS étant petit. Et ces deux adaptations-là sont bien plus glauques que la version Disney, et sans doute plus proches de l'esprit du conte original.
Alors forcément, devant cette nouvelle adaptation, italienne en plus, c'était bien parti pour moi. La direction artistique est aux petits oignons. Les costumes, les décors, le maquillage des acteurs, on n'est pas noyé dans des effets spéciaux numériques crades, on a affaire à du palpable. Tout est poussiéreux, pas forcément propre, un peu obscur, embrumé. Ça fait tellement de bien cette ambiance ! Ajoutons à cela des acteurs plutôt bons avec quand même un Roberto Benigni qui n'en fait pas des tonnes (mes seules références étant La vie est belle et Astérix et Obélix contre César pour cet acteur ça m'a fait plaisir de le voir dans un rôle où il a plus de retenue). C'est vraiment le gros point fort du film, une sacrée ambiance appuyée par la mise en scène sobre et élégante à coup de plans fixes composés avec goût. Le réalisateur et les artistes qui se sont occupés de ce film ont réussi à créer des visages inhabituels et dérangeants, un bestiaire étrange, des regards différents. Et même si ça peut faire cauchemarder certains gosses, ça a quand même une sacrée allure.
Le film en lui-même est construit comme une succession de petites scènes pour lesquelles les péripéties vont s'enchaîner pour Gepetto puis pour Pinocchio. Je trouve que le début de parcours de Pinocchio est un peu laborieux dans ce film, ça met un peu de temps à démarrer, on n'a que la beauté du film pour se laisser porter, le scénario ne brille pas. Et puis tout ça s'équilibre mieux par la suite, ce qui donne finalement deux bonnes heures de métrage. Le fait que le film soit structurellement un peu décousu est un bon point dans le sens où il est généreux, mais ça manque un peu de liant à mes yeux.