Pique-nique à Hanging Rock (Picnic at Hanging Rock) est une jolie fable de mœurs (teinté de fantastique) réalisé par Peter Weir, écrite par Cliff Green, d'après le roman du même nom de Joan Lindsay... qui raconte (sur la flute de Pan de Gheorghe Zamfir et des vers d'Edgar Allan Poe et de Felicia Hemans) lors d'une journée ensoleillé, du 14 février 1900, la disparition de trois jeune filles (jouées par la lumineuse Anne-Louise Lambert (Miranda), Karen Robson (Irma) et Jane Vallis (Marion) et de leur professeur Miss McCraw (jouée par Vivean Gray)... sur un lieu de culte aborigène à Hanging Rock (un immense rocher prés du mont Macedon, dans l'état de Victoria en Australie ou repose un volcan en sommeil (belle métaphore)... Fasciné par la lumineuse Miranda (qui ressemble a un ange de Botticelli selon Mademoiselle de Poitiers (jouée par Helen Morse) la prof de Français...), Michael Fitzhubert (joué par Dominic Guard.. qui fut précédement Le Messager de Joseph Losey), un jeune Britannique part, avec l'aide Tom (joué par Tony Llewellyn-Jones), son garçon de ferme, a sa recherche avant d'en retrouver, l'une des trois disparue... Irma laquelle sera commotionner, amnésique et sans corset... Pendant que la jeune Sara (jouée par Margaret Nelson) une autre jeune fille orpheline se réfugie dans une certaine solitude depuis la disparition de sa douce Miranda... Tandis que Madame Appleyard (excellente Rachel Roberts), la directrice de l'école sombre dans l'alcool et fait le deuil de son prestigieux collège de pupille qui va fermer définitivement...
Dans le texte qui s'inscrit à l'écran au début du film, on nous laisse entendre qu'il s'agit d'une histoire vraie ; or il n'en est rien... car le film est entièrement fictif... tout comme le roman par ailleurs publié en 1967... Pourquoi une telle ambiguïté... s'agit il d'une ruse ou d'un indice... le réalisateur et l'auteur ne donne aucune réponse, ni indice... et comme le dit le Jardinier (joué par Frank Gunnell) qui est le premier a assumer le caractere insoluble de l'affaire " Il y a des questions qui ont des réponses et d'autres pas " et le (futur grand) cinéaste demande au spectateur d'accepter le mystère tout en donnant (ou plutot laisser entendre) une explication possible... car les disparitions se font le jour de la Saint Valentin... La sexualité des jeunes filles peut être un élément sous-jacent de cette histoire surtout quand l'une des trois filles revient, incapable de mettre des mots sur son expérience... elle ne porte plus de corset... Pourquoi ? Serait ce le possible symbole d'un désir refoulé, d'un éveil a la nature ou d'un passage de l'adolescence a l'age adulte...
Un magnifique film inclassable réalisé par un futur grand cinéaste Peter Weir qui fait preuve d'une intuition et d'une maîtrise exceptionnelle dans l'emploi des moyens cinématographiques mis à sa disposition en tissant un mystère d'une infinie subtilité, où une pureté éblouissante se mêle à un très subtil érotisme... tout comme la superbe photographie de Russell Boyd et l'interpretation des jeunes actrices toutes aussi lumineuse l'une que l'autre...
Enfin bref, d'une lenteur superbe, le récit s'organise en une série de tableaux ensoleillés remarquablement photographiés (ce qui va beaucoup inspiré Sofia Coppola pour ses Virgin Suicides et son remake des Proies)... inquiétant à force de calme et de douceur, Picnic a Hanging Rock est un film étrange, étonnamment envoutant, fait de mousseline, de soleil, de fleurs séchées et de visage presque enfantin... Un chef d'oeuvre... a voir et a revoir.