Toujours des aventures, des batailles, de l'humour et des légendes... surtout des légendes !

Conformément à ce qui avait été annoncé avant le générique de fin de "Pirates des Caraïbes : le secret du coffre maudit", Elizabeth Swan, William Turner, Gibbs, Pintel et Ragetti nous amènent sous le commandement du capitaine Barbossa au bout du monde dans les mers de l’au-delà pour tenter d’aller chercher et de ramener le seul, l’unique, capitaine Jack Sparrow. Pour deux raisons : d’abord parce que ce capitaine pas comme les autres a vite fait de manquer au paysage (tant au niveau des personnages que des spectateurs) ; ensuite parce que les choses tournent mal pour ces maudits pirates.
Eh oui, Lord Cutler Beckett (Tom Hollander) est toujours aux commandes des garnisons anglaises et exerce une implacable pression de plus en plus pressante, épaulé par James Norrington (Jack Davenport) qui a retrouvé son honneur. Nous en avons un sacré aperçu dès le début du film avec une scène complètement folle ! Une scène d’anthologie qui vous engloutit peu à peu mais irrémédiablement avec cette sorte de roulement de tambour venu meubler les silences entre deux répliques, et qui se termine avec un chant des pirates qui monte peu à peu avec force et une éblouissante fierté (montrée à l'écran par l'arrêt caméra opéré sur une femme pirate). Les spectateurs sont mis dans l’ambiance d’entrée de jeu, et s’ils n’avaient pas encore adhéré à la cause des pirates, ce sera chose faite grâce à cette scène.
A l’entame de ce 3ème volet, Gore Verbinski signe par cette séquence un modèle de mise en scène. Par ma barbe, c’est tellement fort que j’ai eu la mélodie en tête plusieurs heures durant, allant même jusqu’à chercher les paroles sur Youtube !
Le contexte étant planté, le voyage peut commencer et c’est ainsi que nous nous retrouvons à Singapour pour le lancement de l’épopée la plus longue de la trilogie (2h48 !), sous les notes légères de cette chanson qui devient en même temps et en toute discrétion le thème principal du film. Oui, je dis bien trilogie parce que c’était ainsi que c’était prévu au lendemain de l’immense succès de ce qui devait être un unique film.
Je n’ignore pas qu’au moment où j’écris ces lignes, nous en sommes à la cinquième aventure du fantasque pirate. Il faut reconnaître que le charme suranné d’une époque révolue (révolue pour le côté pirates à l’ancienne) continue d’opérer, et ce grâce à la reprise des recettes qui ont si bien fonctionné jusque-là.
Et elles fonctionnent encore : l’utilisation des légendes et croyances des pirates, des effets visuels saisissants, une interprétation toujours aussi parfaite de tous les acteurs, et un souci du réalisme à tous les niveaux. Concernant ce dernier point, on le doit aux costumes, aux râteliers qu’un dentiste jugerait irrécupérables, et même à la buée qui sort de la bouche de nos héros lorsqu’ils voguent en eaux glaciaires !
Un constat qui pourrait nous faire dire que c’est finalement plus ou moins la même chose. Eh bien non ! Parce qu’il y a quelques petites choses en plus, comme l’interprétation singulière de l’au-delà avec les hallucinations (je dois admettre que c’est ce que j’ai le moins aimé), l’association improbable entre Barbossa (Geoffrey Rush) et Sparrow (Johnny Depp) qui amène des petites scènes d’humour désopilantes. Elles sont succinctes, mais font leur petit travail du plus bel effet ! L’indécrottable paire Pintel (Lee Arenberg) / Ragetti (Mackenzie Cook) est toujours là pour notre plus grand plaisir, tandis que Turner et Swan apportent une jolie touche d’amour contrarié. Nous avons aussi des apparitions convaincantes avec Chow Yun-Fat dans le rôle du capitaine Sao Feng, mais la plus percutante est celle de Keith Richards en ténébreux gardien du code, et ce même s’il ne prononce que quelques mots.
Les affrontements entre bateaux ont été bien plus développés que dans l’épisode précédent, avec de vraies scènes de combats aux canons, sabres, couteaux, haches, et divers outils transformés en armes. Les prises de vue son époustouflantes pour nous offrir des plans vertigineux dès lors que Jack Sparrow se trouve en prise avec le capitaine Davy Jones (Bill Nighy, toujours aussi excellent), remettant au goût du jour la marque de fabrique des films de pirates ou de cape et d’épée : les duels sur des supports étroits, présents dans chacun des trois films.
"Jusqu’au bout du monde" est indéniablement une nouvelle aventure réussie, tant dans l’histoire que visuellement et acoustiquement parlant, un sacré exploit quand on sait qu’il a été tourné en même temps que "Le secret du coffre maudit". Il y avait pourtant de quoi se mélanger les pinceaux ! Chapeau !
Il ne reste plus qu'à mettre le cap sur "La fontaine de jouvence", prochaine destination choisie pour le prochain épisode annoncé avant même le générique de fin. Mais prenez garde, moussaillons : une nouvelle scène post-générique vous attend à la toute fin, ouvrant ainsi la voie à d'autres intrigues futures. La saga semble bien partie pour durer...

Stephenballade
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le 6 oct. 2020

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Stephenballade

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