C'est quand même sévèrement parti en couilles. Tel est l'avis général qui a été entendu à la sortie de ce beau bordel au cinéma. Pirates des Caraïbes: Jusqu'au Bout du Monde aura déchaîné les passions entre ceux le défendant corps et âme et ceux le détestant. Il n'existe pas d'entre-deux-camps pour cette conclusion à 300 millions de $ qui aura toutefois mis d'accord tout le monde sur un point: Peu importe ce qu'on en pense, le film a essayé.


Le ton est donné dès l'ouverture sur une pendaison générale incluant un môme. Pas de musique, couleurs grisâtres, Gore Verbinski choisit une approche plus sombre sur la fin d'une ère pour les forbans. En quelque sorte, Jusqu'au Bout du Monde répond à tous nos fantasmes de gosse, mettre en image l'affrontement final entre tous les navires pirates et une armada anglaise.


Mais Pirates des Caraïbes 3 n'arrive pas à conclure de manière satisfaisante tous les arcs entamés dans le dernier film. Pendant 2h50, les trahisons et les alliances s'enchaînent si vite qu'on en perd nos repères, beaucoup de sous-intrigues se terminent brutalement sans un vrai dernier acte. Le Kraken est abattu hors-champ, Sao Feng (incarné par un Chow Yun-Fat qui pue la classe) disparaît de l'histoire après 3 scènes etc... Le film est dépassé par son ambition de vouloir signer une grande fresque mais ce n'est en rien une surprise. Il ne pouvait pas en devenir un comme ça.


Et pourtant, quel souffle. La première demi-heure nous rassure tout de suite sur la direction prise par Verbinski. Le réalisateur cesse de s'égarer comme il le faisait trop souvent dans Le Secret du Coffre Maudit, il part dans l'exagération le plus totale pour signer une épopée romanesque et épique allant jusqu'au bout de sa démarche (le mariage improvisé en plein combat dans l'ouragan, la mort de Beckett). Du ton très adulte aux passages plus loufoques, le film semble aller dans toutes les sens mais est pourtant bien mieux géré que son prédécesseur.


L'humour est moins envahissant, quand il se manifeste ce n'est que pour les conflits intérieurs de Jack Sparrow qui récupère enfin sa crédibilité. Le personnage termine son parcours émotionnel en dévoilant de vrais sentiments vis-à-vis de ceux avec qui il a combattu pendant 3 films, il n'est un guignol que pour se sortir des situations les plus périlleuses ou parce qu'il commence à croire qu'il en est un. Le retour de Barbossa, que Geoffrey Rush reprend avec une vigueur folle, vient ajouter d'autant plus d'intérêt à l'aventure de l'équipage de Black Pearl.


Will, Elizabeth et Davy Jones achèvent leurs évolutions de héros/anti-héros tragiques et captent totalement notre attention. Le couple est infiniment plus intéressant que par le passé, se découvrant leur place au sein du monde jusqu'à leur séparation tandis que le capitaine maudit devient une victime hantée par la tristesse et la haine. Les masques tombent et même si cela se finit par une lutte entre le bien et le mal, tous les personnages que nous avons suivi gagnent en humanité.


Une fois arrivé au dernier tiers, Pirates des Caraïbes: jusqu'au Bout du Monde trouve tout son sens et nous embarque dans une bataille finale d'un souffle incroyable. Épique comme jamais et long de 30 minutes, le combat naval tant attendu ne déçoit pas. Parfaitement exécuté, lisible et superbement filmé, on en oublie toutes les incohérences et raccourcis scénaristiques faciles tant on est emporté par ce dernier conflit dont les nouvelles compositions d'Hans Zimmer sont d'une efficacité redoutable.


Tout aussi confus et long que soit ce dernier voyage concluant la trilogie de Pirates des Caraïbes, impossible de nier que Gore Verbinski donne tout ce qu'il en a durant 3 heures pour finir en apothéose cette saga à grand spectacle. On ressort partagé car forcément, ce troisième acte est inégal et imparfait. Reste ensuite à savoir si on peut lui pardonner ou non ses défauts pour en apprécier les qualités. Et en ce qui me concerne, j'ai été dedans jusqu'au bout.

Walter-Mouse
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le 9 avr. 2017

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