Je me rappelle de la projection à laquelle j'ai assisté de ce film complètement surréaliste. Il y avait moi, le film, la salle, et l'incompréhension confuse et fatiguée de l'intrigue qui se matérialisait peu à peu en entité vivante et tangible.
On est sorti déçus, méprisants, parfois même enragés. Il était nécessaire que ce film soit si complexe ? Sur, il y a d'autres points à critiquer mais c'est autour de là que ça tourne. C'était impossiblement tordu et ça a laissé tout le monde en route.

Moi, c'était mon premier Pirates des Caraïbes. J'en menais pas large. C'était atrocement long et ça m'avait torturé.
Mais au fond. Sous bien des remparts de bon vouloir critique objectif, il y avait une petite voix qui disait "Alright I didn't understand jack shit but fuck me, that was awesome."


J'ai vu les épisodes restants quelque temps plus tard, et très récemment, le quatrième volet qui m'a pas tant révulsé qu'il m'a laissé sur ma faim. J'étais toujours resté sur une mauvaise impression de ce troisième volet, mais troublée, incertaine. J'avais commencé par faire fi de la tendresse et mettre 5 à ce film, avant de me raviser pour un 7 peu convaincu, pour l'effort, et peut-être un final assez cool.
Et après ce quatrième volet, j'avais besoin de le revoir. Pour vérifier.

Putain.


A regarder les films favoris des gens, les miens compris, ceux qu'on considère unanimement comme chef-d'œuvres, à travers toute l'histoire cinématographique, on repère un certain thème commun qui est peut-être à l'origine de tout ce que le média a pu engendrer. La dépression.
Le cinéma n'est pas devenu, il a toujours été, un divertissement de dépressifs. Sous prétexte sans doute que le génie ne vient certainement pas du bonheur, on applaudit devant le drame d'un Citizen Kane, on est ému devant la tragédie d'un Godfather, on s'extasie devant la noirceur d'un Brazil comme la dystopie d'un Blade Runner. les belles histoires sont celles qui arrivent à trouver l'espoir au milieu de l'atroce, on nous conte la guerre, la haine, la peur, la solitude, l'incompréhension, la perte, la vie qui continue malgré, le combat entre le bien et le mal, les trahisons, les mensonges, la mort.
On se vante d'apprécier des films comme personne d'autre, parfois incompris, parfois inconnus, parce qu'on y voit une profondeur qui ne parle qu'à nous, avec cette nuance de "profondeur" qui s'apparente à la tristesse. Le cinéma s'est fait examinateur de la condition humaine au travers d'histoires qui nous touchent parce qu'elles sont les nôtres, parce qu'elles ont un lien avec notre Histoire, et dont la conclusion semble être que la vie est atroce, à part quelques rares éclairs de chance qui peuvent la rendre belle.

Je ne parle pas des comédies, des blockbusters, des films d'horreur (bien que ceux-ci en font partie). On peut avoir la meilleure estime, voire admiration pour un film d'action, lui condescendre une certaine "grandeur" est plus difficile.
Qu'est ce qui fait un "grand" film ? A en croire l'inconscience collective qui a érigé le terme au fil de l'histoire cinématographique, il s'agirait de sa profondeur, du sérieux des thèmes qu'il aborde, de la justesse de ses niveaux de lecture, comme l'introspection dans l'esprit humain qu'on arrive pas imaginer autrement que ténébreuse.


Pirates des Caraïbes 3 n'a absolument rien à voir avec ça. Et personne n'en parlera comme d'un grand film à juste titre.
Mais Pirates des Caraïbes 3, c'est l'apothéose de ce que le cinéma a peu à peu décider d'oublier le jour où il s'est proclamé intelligent : une fantastique histoire d'aventures. Deux heures en moyenne, c'est peut-être trop court pour n'importe quel film pour être jamais comparable au roman... Et c'est peut-être pour ça que tous les "grands films" se sont plutôt tournés vers le documentaire de l'atrocité de notre condition

Pirates des Caraïbes 3, c'est l'aboutissement d'une aventure épique, le remaniement d'anciennes légendes qui s'entrecroisent pour créer des emblèmes, des figures, des personnages mythiques. Alors oui, l'histoire est ridiculement difficile à suivre, mais elle est passionnante. Pas de morale à la fin du film, il s'agit seulement et simplement de l'immersion totale dans le monde magique des pirates tels qu'on avait, enfants, envie de croire qu'ils étaient. Oublier la réalité glauque et ennuyeuse et se fondre dans l'illusion d'un conte, pas de ceux qui nous enseignent, mais de ceux qui nous font rêver. Être émerveillé par la découverte, le mystère, la magie. Ces contes qui naissent de la culture populaire, amplifiés par des rajouts, des exagérations, des reprises, à partir d'histoires qui peut-être un jour étaient vraies.
C'est le récit épique qui nous emmène dans ses contrées fantastiques, rencontrer des "héros" braves et pas nécessairement bons, qui mènent une vie de conquêtes, de batailles, découvrent des trésors, ont affaire au fantastique, à l'inconnu.

Il y a tout ça dans ce film, comme un roman n'aurait jamais réussi à le faire. Il est trop long, trop confus, l'interprétation est discutable et l'humour enfantin parfois désastreux. Oui, en tant que film, Pirates des Caraïbes 3 ne vaut pas grand chose. Mais en tant qu'histoire, c'est une saga qui en à peine trois épisodes à réussit à raconter de fabuleuses légendes maritimes sur des bateaux fantômes, de vieilles malédictions, des pirates hauts en couleur, des romances tragiques, à nous immerger dans des batailles d'une intensité formidable, et le troisième opus est le meilleur d'entre tous, celui ou tout arrive à sa fin, le point culminant d'une aventure merveilleuse qui nous a emporté au limites du monde, là où tout est possible, là où la magie existe, là où la mort n'existe pas, là où le héros gagne toujours.







(Je suis désolé pour cette critique, je la trouve atrocement mal fichue, mais elle est sincère.)
TheMidgarian
10
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Happiness is a sickness. An awful sickness everybody hates. Like AIDS. That your mother got you. et Les films qui sont des plaisirs coupables

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le 24 mai 2011

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TheMidgarian

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