Show me the Money !

La franchise « Pirates of the Caribbean » était décidément trop juteuse pour être laissée à l’état de trilogie… Un quatrième volet est donc lancé. Et, suite aux dérapages de production, s’avèrera être ni plus ni moins que le film le plus cher de tous les temps ! Un record encore tenu aujourd’hui, avec ou sans prise en compte de l’inflation.

Clairement, l’argent se voit dans la multitude de décors. Le Londres du 18ème siècle reconstitué de manière très convaincante, pour un petit premier acte. Des îles et forêts naturelles là où certains se seraient contentés de fonds verts. De vrais bateaux, dont une version assez réussie et organique du Queen Anne’s Revenge, le célèbre navire du pirate Blackbeard.

Par contre, les scénaristes n’ont visiblement pas bénéficié de ces largesses. « On Stranger Tides » est un volet laborieux, qui donne l’impression de tirer sur la corde d’une franchise qui n’a plus rien à dire. Les multiples personnages ont des motivations pour le moins nébuleuses, faisant de la Fontaine de Jouvence une quête sans vrai enjeu. La rivalité entre Espagnols et Britanniques, au départ mise en avant, est en réalité totalement sous-exploitée, de même que la magie vaudou des méchants. Tandis que la romance entre le prêtre et la sirène est aussi inutile qu’inintéressante.

Rien de bien brillant non plus côté acteurs. Penelope Cruz n’a pas un personnage marquant, empêchant l’actrice de se mettre en avant. Geoffrey Rush parait fatigué (mais d’un autre côté cela fait partie du personnage). Ian McShane est charismatique en Blackbeard, toutefois ce méchant n’a rien de vraiment inquiétant, prenant souvent des décisions étonnamment clémentes. Quant à Johnny Depp, l’acteur se livre surtout à un numéro de cabotinage en incarnant un personnage qui n’évolue plus. Une annonce de la carrière stagnante de Depp durant les années 2010…

Je ne vais pas me plaindre de l’absence des fades Orlando Bloom et Keira Knightley. Mais leur présence dans les volets précédents permettait d’avoir une trame narrative relativement simple, et une intrigue qui tenait la route. Ce n’est pas le cas ici, de nombreuses invraisemblances venant régulièrement plomber le récit.

Reste l’aspect aventure, plus sobre que dans la trilogie. Il faut dire que Rob Marshall ne semble pas très à l’aise pour diriger les scènes d’action. A part la séquence des sirènes, plutôt de bonne tenue, le reste n’est guère fluide au montage.

Un quatrième volet qui s’avère donc sans grand intérêt. Comme quoi, l’argent ne fait pas (toute) la qualité !